Doit-on prendre au sérieux les mises en garde d´Al Maliki? La nébuleuse Al Qaîda compte-t-elle faire du Maghreb sa nouvelle base-arrière? Envisage-t-elle d'utiliser la région comme rampe de lancement de ses activités vers l'Europe? Une hypothèse à ne pas exclure. D'autant plus que les derniers attentats terroristes perpétrés en Algérie avaient visé des ressortissants étrangers. Après les dernières menaces du n°2 d'Al Qaîda Ayman Al Zawahiri contre les intérêts occidentaux au Maghreb, voilà que le Premier ministre irakien tire la sonnette d'alarme. La menace se précise. Dans une déclaration au quotidien arabophone Al Hayat, paraissant à Londres, Nouri Al Maliki versant carrément dans l'alarmisme, prédit le pire. Il met en garde contre des attaques terroristes spectaculaires au Maghreb et, notamment en Algérie. Le timing choisi n'est pas fortuit: c'est au moment même où le président G.W.Bush lui demande de redoubler d'efforts pour renforcer la sécurité en Irak que Maliki affirme que des «djihadistes» étrangers en Irak s'apprêteraient à se rendre en masse en Algérie. Doit-on prendre au sérieux les mises en garde de Maliki, ou celles-ci sont-elles destinées à détourner l'attention du brasier irakien? Ou bien pourrait-on les prendre comme une «invitation» aux terroristes de quitter l'Irak pour le Maghreb? Une chose est sûre: ce n'est pas la première fois que des jeunes Algériens sont recrutés pour aller combattre en Irak. D'ailleurs des réseaux de recrutement ont été démantelés dans plusieurs régions du pays, notamment à El Oued, Khenchela et Tébessa. Ainsi, comme la présence de mercenaires étrangers dans les maquis du Gspc-Al Qaîda n'est un secret pour personne, les déclarations de Maliki ne doivent pas être totalement ignorées. Si l'information de M.Al Maliki venait à se vérifier, il ne s'agirait en fait que de renforts que la nébuleuse terroriste compterait dépêcher dans la région du Maghreb. Objectif: ouvrir un nouveau «front» avec l'Europe, surtout après l'alignement de la France aux côtés des Etats-Unis. Une menace que la ministre française de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie n'a pas écartée. Cependant, une autre question s'impose: comment des dizaines de terroristes pourraient passer les frontières avec une telle facilité? Aussi, dès lors que M.Maliki prétend détenir des détails sur l'identité de ces activistes, pourquoi ne les met-il pas à la disposition de l'Algérie et des pays voisins, devant servir de lieux de passage aux «djihadistes»? Autant de questions qui restent sans réponses et que le Premier ministre irakien aurait dû expliciter davantage. Dans ses déclarations à Al Hayat, Maliki s'est contenté d'affirmer avoir remis un dossier aux autorités algériennes, sans plus. Les mises en garde du Premier ministre irakien ne seront pas prises à la légère par les autorités algériennes. Ces dernières n'ont pas attendu les déclarations du responsable irakien pour prendre leurs dispositions. Le renforcement de la sécurité aux frontières, l'échange de renseignements avec les pays de la région et la traque sans merci des groupes terroristes irréductibles, sont des actions quasi quotidiennes des forces de sécurité. Enfin, ce que M.Maliki ne dit pas c'est le sort réservé aux djihadistes algériens arrêtés en Irak. Vont-ils être extradés selon la voie légale ou feront-t-ils partie des contingents d'«aventuriers» qui rejoindraient les maquis du Gspc.