Accusé de participation aux attentats de Paris en 1995, Ramda risque la prison à vie. Son procès se tient sur fond de menaces d'Al Qaîda contre la France. L'Algérien Rachid Ramda, alias Abou Farès, 38 ans, soupçonné d'avoir été l'instigateur des attentats de Paris en 1995, comparaît aujourd'hui devant la cour d'assises parisienne. Il encourt la peine maximale: la prison à vie. C'est son second procès. Au mois de mars 2006, il a été condamné à 10 ans de prison par le tribunal correctionnel de Paris, 16e chambre, pour son soutien financier dans les attentats de 1995 dans la capitale française. Il était accusé pour sa participation et financement, à partir de la capitale britannique, des attentats contre le RER de la station Saint-Michel en 1995, qui avaient fait 8 morts et plus de 200 blessés. Cette fois son procès se déroule dans des circonstances particulières. La France fait face à de sérieuse menaces proférées par l'Egyptien Aymen Azawahiri, le numéro2 d'Al Qaîda. Ce dernier a demandé à son bras armé dans le Maghreb de frapper les intérêts de la France là où ils se trouvent, même en France. L'inquiétude des autorités françaises découle du fait que l'organisation des activistes islamistes algériens et maghrébins, en général possède des relais en Europe. Des réseaux dormants qui peuvent entrer en action à tout moment, d'où les risques qu'entoure le déroulement de ce procès qui concerne Rachid Ramda présenté comme un «intellectuel» de la mouvance islamiste djihadiste. Les craintes de représailles sont prises très au sérieux par les différents services de sécurité français. Lors du premier procès, l'accusation s'est basée sur «des éléments matériels saisis à son domicile, surtout des documents internes du GIA et un bordereau de la Western Union portant ses empreintes, montrent, selon l'accusation, que Rachid Ramda a transmis 5000 livres (environ 7500 euros) aux poseurs de bombes» qui avaient utilisé des bonbonnes de gaz remplies de clous. Des preuves jugées «légères» par sa défense qui avait remis en cause les déclarations des autres détenus dans cette affaire, notamment celles de Boualem Bensaïd, qui chargent Rachid Ramda. Ce dernier avait laissé entendre que ces déclarations avaient été faites sous la torture. Boualem Bensaïd, qui purge la peine maximale, prison à vie, s'était par la suite rétracté et nié toute implication d'Abou Farès. Son appel avait été rejeté et sa peine confirmée en décembre. Il avait, pour rappel, observé un mutisme total durant tout le procès pour signifier sa désapprobation du cadre du déroulement du procès. Cette fois, il est poursuivi pour sa présumée participation directe aux trois attentats perpétrés dans les stations du RER Saint-Michel (25 juillet 1995), du métro Maison-Blanche (6 octobre 1995) et du RER Musée-d'Orsay (17 octobre 1995) et qui avaient fait 8 morts et plus de 200 blessés. Rachid Ramda avait été arrêté en Grande-Bretagne le 4 novembre 1995 et placé sous écrou extraditionnel à la prison de Belmarsh, au sud de Londres, où sont détenus la plupart des suspects d'actes liés au terrorisme. Il avait été extradé par Londres le 1er décembre 2005 vers la France qui en avait fait la demande, après dix ans de détention sur la base de plusieurs mandats d'arrêts internationaux délivrés par la justice française. Selon l'accusation, il a été depuis Londres où il était installé, «le maître d'oeuvre» d'une «centrale d'information» et d'une «structure de financement du GIA», qui avait revendiqué les attentats. Il est considéré comme le principal financier du GIA en Europe. Les services de sécurité occidentaux, qui l'avaient mis sous étroite surveillance, le présentent aussi comme l'émissaire de l'ex-émir du GIA, Djamel Zitouni, pour la préparation des attentats en Europe, en France plus particulièrement. L'association française «SOS Attentats», que préside Françoise Rudetzki est représentée au procès de Rachid Ramda, dans ses volets correctionnel et criminel, comme partie civile représentante des 200 victimes des actes terroristes de Paris, par Me Georges Holleaux. Ce nouveau procès sera l'occasion, explique la présidente de l'Association, d'entendre «les commentaires et éventuellement les réponses» de Ramda, resté mutique durant le premier procès en correctionnelle. «C'est important pour les victimes de comprendre qui a donné les ordres, qui a financé, qui a fait les transferts de fonds, qui a passé les consignes à Bensaïd», considéré notamment comme le principal auteur à Maison-Blanche, a ajouté son avocat.