3000, 3500, voire 4000DA pour offrir une tenue décente à ses enfants. Une virée dans un marché populaire de la basse Casbah a permis de prendre le pouls sur ce qui attend le smicard qui arrive à peine à nourrir sa petite famille. A l'emplacement Lalahoum, sont regroupés près de 600 vendeurs à la sauvette installés sur les trottoirs et empiétant sur la chaussée de cette voie reliant la place des Martyrs au prestigieux lycée Emir Abdelkader. Les étals regorgent d'articles pour enfants, adolescents et adultes. On ne peut parler ici de pénurie comme pour...la pomme de terre, Les provenances sont multiples, mais les affairistes préfèrent la Chine, la Thaïlande, la Syrie ou Dubaï. Cette dernière ne servant en fait que de transit pour les marchandises venant d'Extrême-Orient, nouvel eldorado pour ces «importateurs» qui savent de quel côté leur tartine est beurrée. Les prix semblent abordables. Il est cependant difficile d'obtenir un avis unanime auprès des chalands. Les uns estiment que les prix sont plus chers que l'an dernier, les autres ne voient qu'une légère différence. C'est selon. «Mais là où le bât blesse, confie un père de famille, c'est que nous sommes saignés à blanc. Un Ramadhan difficile et onéreux, une rentrée scolaire qui continue à faire des siennes tout cela après des vacances et fêtes familiales qui n'en finissent pas de ponctionner, non sans douleur, notre paie et nos économies.» Comme une cerise sur le gâteau est venue la hausse des prix des produits de large consommation comme le lait, ensuite la pomme de terre, la semoule tout récemment. La liste est encore longue. Une dame arpentant les étals, cherchant à vêtir convenablement ses enfants, regrette «la misérable paie» que perçoit son mari. «Nous nous appauvrissons de jour en jour, toujours à faire du sport pour combler une journée décemment. Chaque jour que Dieu fait, s'écrie-t-elle, la gorge serrée, une augmentation surgit comme pour nous rappeler que nous ne sommes que de pauvres hères à la recherche d'une maigre pitance quotidienne». Quant aux préparatifs de l'Aïd, il n'y a pas foule, mais une affluence remarquée d'acheteurs prévenant la cohue des derniers jours du Ramadhan. Une tenue correcte pour enfants de 6 à 12 ans revient au bas mot entre 3000 et 4000DA, autrement dit, le tiers du Snmg! Les vendeurs de Lalahoum se plaignent de l'absence de toilettes, d'un chef de marché, de tout contrôle. Ils s'acquittent pourtant d'un loyer de 3000DA/mois et d'un impôt forfaitaire de 20.000DA/an. Ils regrettent d'être les «moins aimés» dans cette situation. Ils dénoncent les avides «s'hab les conteneurs» que le client particulier ne connaît point mais que se plait à dénigrer le vendeur qui ne fait que «répercuter sur lui les prix pratiqués par ces importateurs» indélicats. Toujours est-il que les prix dans ce marché populaire, comme il en existe un peu partout dans les grandes villes, sont moins chers que dans les magasins du centre ou les grands espaces où les vêtements proposés sont de meilleure qualité, certes, mais un peu plus chers. En conclusion, les prix n'ont pas beaucoup changé, c'est le pouvoir d'achat qui a «fortement dégringolé». Les raclages en série des bourses moyennes durant le Ramadhan, si besoin est, en témoignent. La blessure est profonde et longue à guérir...