Le ciel gris et lourd et la crise politique nationale que traverse la Belgique n'ont pas empêché la fête du cinéma de s'ouvrir dans l'allégresse et l'espoir. La situation de crise politique nationale que vit la Belgique voilà près de quatre mois, depuis les dernières législatives de juin, conséquence de la vieille querelle entre Flamands et Wallons francophones, n'a pas empêché l'ouverture, vendredi dernier, à Namur (capitale de la Wallonie), dans un air de fête, du 22e Festival international du film francophone (Fiff). Comme à l'accoutumée, la directrice du festival, Dominique Jamar, a annoncé, sous le grand chapiteau dressé devant le théâtre de la ville, la teneur et la dimension de cette 22e édition du festival. Elle rappelle que «le Festival de Namur est devenu au fil des ans la plus importante manifestation cinématographique francophone». Elle avance des chiffres impressionnants: «Plus de 600 accrédités, dont 300 journalistes et un total de plus de 33.000 entrées lors de la précédente édition.» Concernant la programmation, et après avoir visionné 900 films, toutes catégories confondues, cette 22e rencontre a retenu 14 longs métrages dans la compétition officielle pour le Bayard d'or et 27 autres en hors compétition. Dans la catégorie courts métrages, 12 films sont engagés. Cette année, le festival met à l'honneur le cinéma congolais, participant ainsi à «l'Année du Congo en Belgique» pour laquelle ont été invités 150 artistes pour 150 manifestations culturelles programmées à travers le pays. Sous le générique «yambi», qui veut dire en langue lingala «bienvenue», le Congo, ancienne colonie belge, dont la Belgique est aujourd'hui le partenaire privilégié, sera à l'honneur tant dans le domaine du cinéma que ceux de la musique, du théâtre, de la peinture...Concernant l'Algérie, elle n'est pas, à vrai dire, directement présente, dans la mesure où, dans la compétition officielle, c'est avec une production franco-algérienne que le réalisateur Amor Hakkar concourt avec un long métrage (83 min), La Maison jaune. C'est l'histoire de Mouloud, un paysan des Aurès, qui va récupérer le corps de son fils, tué dans une embuscade terroriste. La famille doit continuer sa vie malgré le deuil et le dénuement dans lequel elle vit. L'autre réalisateur d'origine algérienne, Mehdi Charef, présentera, hors compétition, son nouveau film Cartouches gauloises, une fiction de 92 minutes, qui relate la perception des événements d'Algérie à la veille de l'indépendance par deux enfants, l'un Algérien et l'autre Français. Il faut rappeler que notre pays a été mis à l'honneur lors de l'édition précédente du Fiff, festival qui a cette particularité de promouvoir les oeuvres de cinéastes connus aux côtés de jeunes talents. Par ailleurs, un nombre considérable d'ateliers de rencontres, de débats...sont programmés tout au long de la semaine que dure le festival, dans le but de favoriser l'émergence de jeunes auteurs, producteurs, scénaristes...et de stimuler des politiques de coopération et d'échange. Au-delà, le Fiff se veut, selon Mme Marie Aréna, ministre présidente de la Communauté française de Belgique «un lieu de résistance indispensable face à la montée en puissance d'un marché mondialisé qui formate nos goûts, nos rêves, nos attentes». Vendredi dernier, le festival s'est ouvert par la projection de Cow-Boy, du réalisateur belge, Benoît Mariage, et sera clôturé le 5 octobre avec le film français J'ai toujours rêvé d'être gangster de Samuel Benchetrit. L'ensemble des prix le Bayard ont une valeur de 100.000 euros. Le verdict est pour le 5 octobre à 19h.