Rien ne dit que le paiement des mensualités durant toute cette période se fera sans accroc majeur. Si les Opgi se plaignent du fait que «65% des locataires ne paient pas leur loyer» comme le rappelle le ministre de l'Habitat, M.Abdelmadjid Tebboune, il y a forcément des leçons à en tirer. La première est de ne pas rééditer ses causes dans de nouveaux programmes. La location-vente, dont le succès est incontestable, n'est rien d'autre qu'une formule de location devant aboutir après 20 années de «loyer» à la propriété des lieux. Rien ne dit que le paiement des mensualités durant toute cette période se fera sans accroc majeur. Et ce n'est pas la clause d'«expulsion après six mensualités non honorées» qui fera le poids face à la concentration des cas. Quant à la motivation de l'accès à terme à la propriété, celle-ci est toute relative tant l'espoir insensé de «l'amnistie» est vivace dans nos moeurs. De cette même aberration qui a poussé 3.000 candidats à la location-vente ne disposant même pas des 10% de l'apport initial à s'inscrire malgré tout. Combien sont-ils à ne pas être en mesure de payer la deuxième tranche de cet apport qui est de 15%? A l'évidence, assez nombreux pour que leur cause ait pu remonter jusqu'au chef de l'Etat qui vient de donner des instructions pour un allégement de cette charge. Pourtant toutes les conditions étaient clairement exposées au lancement de la formule. L'engouement constatée à ce moment devait logiquement traduire des capacités certaines des postulants. Nous savons maintenant qu'il n'en est rien. Dès lors tout programme, et a fortiori à long terme, doit être pensé avec cette spécificité qui nous est propre. La réflexion engagée aujourd'hui au département de l'Habitat pour un réaménagement du versement des 15% doit éviter tous les écueils qui risquent d'hypothéquer la seule formule qui, jusque-là, a réussi à redonner l'espoir aux Algériens. Il faut l'accompagner sur toute sa durée. Faire en sorte de lui assurer toutes les chances d'aboutir et d'être ce puissant moyen de sortie de crise. La question centrale qui se pose après l'instruction présidentielle est de savoir comment mettre en adéquation le revenu mensuel des candidats et les créances envisageables. Il est couramment admis que le taux de prélèvement maximum d'un salaire ne peut excéder les 40%. S'agissant des revenus retenus par la location-vente et se situant entre 12.000 et 40.000 DA ce taux est compris entre 4.800 et 16.000 DA. Aucune autre capitalisation n'est possible aussitôt que l'effet des échéances démarre. La solution, qui consisterait à étaler le paiement des 15% sur trois années, a de fortes chances de buter sur l'insolvabilité des débiteurs. En effet et compte tenu des délais de réalisation de 18 mois annoncés, l'étalement envisagé des 15% viendra forcément se superposer aux versements des mensualités qui commencent dès la remise des clés. Le bénéficiaire sera confronté durant un temps à faire face à un double engagement. En somme à deux crédits pour un même revenu. Une impossibilité incontestable qui ne pourra qu'alimenter un contentieux aux dégâts incalculables. Une voie impraticable qu'il vaut mieux éviter. Pourtant et si l'on veut mettre en forme convenablement l'allégement préconisé par le Président de la République sans mettre en péril la formule, il est indispensable de ne prendre en compte que la réalité du salaire mensuel de la classe moyenne ciblée par la location-vente. Une évidence qui n'autorise qu'une seule voie: ériger le versement des 15% en option comme c'est déjà le cas pour le paiement cash. Ce qui permettra aux plus nantis d'accéder plus vite à la propriété et à l'Etat d'engranger le plus de ressources possible à l'effet d'atteindre l'autofinancement prévu. Pour tous les autres, la location-vente se traduira donc par le versement des 10% et le reste en mensualités étalées sur 20 années. Et, précaution supplémentaire: pourquoi ne pas envisager une retenue à la source dans tous les cas où cela est possible? Celui des fonctionnaires par exemple. Ainsi pourra être assuré avec le maximum de garanties le long parcours de cette opération unique dans l'histoire du pays et porteuse de tous les espoirs.