Les producteurs ont été conviés à retarder la campagne d'ensemencement et éviter les effets des contraintes climatiques. La crise de la pomme de terre pourrait persister durant les prochains mois. La production est menacée encore cette année: la campagne d'ensemencement est en butte à de sérieuses contraintes climatiques. Il s'agit de la canicule qui risque d'hypothéquer la récolte de ce produit stratégique. Les agriculteurs de la wilaya d'El Oued qui compte parmi les principales wilayas productrices de la pomme de terre, soulèvent ce problème. Selon des producteurs de la commune de Reguiba, près de 100 ha ensemencés ont été affectés par les grandes chaleurs ayant sévi durant la période des labours-semailles, généralement entre la mi-août et la mi-octobre en cours. Cette commune, réservoir de la récolte locale de la pomme de terre avec une production annuelle de 200.000 quintaux, devrait hisser El Oued au rang des wilayas productrices de pomme de terre avec une production prévue cette saison de plus de 1,5 million de quintaux. A ce stade, la responsabilité incombe au département de Saïd Barkat, censé prendre les mesures inhérentes à ce genre de problème, ainsi qu'à d'autres. Pour l'instant et afin de prémunir la saison contre d'éventuelles catastrophes ou pertes, les producteurs ont été conviés à retarder la campagne d'ensemencement et éviter les effets climatiques sur la croissance du produit. En 2005, la production de la pomme de terre en Algérie avait atteint un seuil record. Il a été enregistré un excédent de 500.000 tonnes. Les premiers satisfaits: les responsables du ministère de l'Agriculture. Pour eux, la politique tracée par le Plan national de développement agricole (Pnda) lancé en l'an 2000 a donné ses «fruits». Deux ans après, c'est la crise. «C'est la faute au mildiou qui a causé des dégâts importants aux agriculteurs», explique-t-on. L'année précédente, faut-il le rappeler, la production a été frappée par le mildiou. Ce redoutable agent pathogène s'était déclenché au mois d'avril dans les wilayas de Chlef et Aïn-Defla, régions potentiellement cultivées en pommes de terre, pour s'étendre et affecter progressivement près du tiers de cet important tubercule. La pénurie s'installe, les prix augmentent, le consommateur s'inquiète et les pouvoirs publics s'affolent. Même le recours à l'importation n'a pas donné les résultats escomptés. Du moment que les catastrophes naturelles ne peuvent être maîtrisées, il faudrait donc se préparer à y faire face et trouver d'autres issues à cette crise. Le ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub, fait des propositions. Selon lui, en consacrant chaque année 50.000 hectares pour la production de la pomme de terre et avec une productivité de 40.000 tonnes/hectare, nous pourrons produire plus de 2 millions de tonnes. Avec de telles quantités, l'Algérie deviendra, avait déclaré le ministre récemment, un pays autosuffisant et pourra même exporter la pomme de terre. Le ministre annonce également la création d'un office qui aura pour tâche de faire en sorte que ce légume et d'autres soient produits localement avec des quantités suffisantes à travers des aides de l'Etat pour que les prix se stabilisent à des niveaux raisonnables. De plus, en cas d'excédent dans la production, l'office prendra en charge ce volet en achetant ces quantités auprès des agriculteurs.