Aucun rite musulman ne revendique le terrorisme, contrairement à certaines réflexions faites par les ennemis de l'Islam. L'Algérie abrite, depuis hier, à l'hôtel El-Aurassi, un colloque international sur la compréhension entre les grandes écoles musulmanes. Ces dernières sont représentées par de grands théologiens et chercheurs en la matière. La conjoncture qui prévaut, depuis le 11 septembre dernier, et l'amalgame «sciemment établi entre l'Islam et le terrorisme» étaient au centre des interventions durant la première journée. Les théologiens se sont positionnés à la fois vis-à-vis de «cette manipulation», mais aussi de «tous ceux recourant à la violence à des fins politiques ou autres au nom de l'Islam et qui ne sont, en vérité, que les premiers ennemis de cette religion, favorisant la paix et le dialogue», dira cheikh El-Taskhiri, théologien iranien. Le terrorisme est la conséquence logique d'un extrémisme dans l'interprétation du Coran, une pratique alimentée par ceux qu'appelle Wahbet El-Zouhayli, les demi-savants ou théologiens «qui ignorent l'esprit même de notre religion». Les intervenants ont mis en exergue l'opportunité de l'idjtihad (la réflexion) dans la compréhension de l'Islam. Et c'est dans ce sens qu'a abondé le Président Bouteflika dans son discours présenté à l'occasion. Il dira à ce sujet: «L'idjtihad est une arme contre le fanatisme et le terrorisme propagés par les faux imams dans la mosquée.» Par ailleurs, l'extrémisme n'est pas propre aux musulmans, il existe aussi dans d'autres pays. «La violence, dont est victime le peuple palestinien, qui est le résultat d'un extrémisme juif, en est l'exemple type», ajoute Bouteflika. Désormais, le monde est conscient que le terrorisme n'épargne aucun pays. Cette vérité a été remise sur le tapis, après le 11 septembre, après avoir été longuement ignorée par les pays occidentaux et arabes qui se sont transformés en refuges pour les extrémistes au nom de la liberté et de la démocratie. «Ces extrémistes se sont alliés à la mafia des affaires et de l'argent, et ont déclaré ennemie toute personne ne partageant pas leur opinion», précise le Président. Quel est le rôle de l'imam dans la lutte antiterroriste? «Nous avons, à plusieurs reprises, conseillé les terroristes. Nous leur avons dit que leur djihad n'a aucun fondement religieux, mais ils refusent de nous écouter», répond cheikh Wahbet El-Zouhayli. Aucun rite musulman ne revendique le terrorisme, contrairement à certaines réflexions faites par les ennemis de l'Islam. «C'est le cas de Oussama Ben Laden qui se réfère au rite wahhabite et qui n'a été, en vérité, qu'un pion entre les mains des Occidentaux, à leur tête les Etats-Unis», dira cheikh El-Taskhiri. Les pays musulmans sont face à une réalité aussi difficile que complexe. Les discours officiels visant à dénoncer l'amalgame entre l'Islam et le terrorisme coïncident avec des actes commis au nom de l'Islam, en Algérie et ailleurs, ce qui complique davantage cette mission, qui doit dépasser, selon les observateurs, le stade des conférences et des débats stériles, en s'engageant dans une campagne multidimensionnelle, caractérisée par la clarté du discours et des engagements.