Chaleur, convivialité, souvenirs et recueillement en ces soirées ramadhanesques organisées par l'Oref. El Hadj El Hachemi Guerrouabi, le ténor du chaâbi, le rossignol qui s'est tu un triste 17 juillet 2006, était présent à travers ses chansons, en cette soirée de Ramadhan où l'ambiance était un mélange de joie et de tristesse...joie à chanter en choeur les titres du défunt et tristesse de penser qu'il n'est plus de ce monde. Né le 6 janvier 1938 à El Mouradia, ayant grandi à Belouizdad (Belcourt), feu El HadjEl Hachemi Guerrouabi a eu, dès son plus jeune âge, un goût prononcé pour la musique et le football qu'il a pratiqué pendant un certain temps comme ailier dans un club de l'Algérois. Quant au chaâbi, il s'y initia sous la coupe de Hadj El Anka, M'rizek, H'cissen, Zerbout ou encore Lachab. Il touche également un peu à la comédie et au théâtre où il joua dans plusieurs pièces. En 1953, Megrounat lahouadjeb chanté à l'opéra d'Alger, fut un véritable succès qui le propulsa au-devant de la scène artistique. Puis, vers les années 62, face à l'engouement des Algériens pour la chanson rythmée -occidentale ou orientale- qui commençait à prendre de l'ampleur au détriment de la chanson chaâbie qui languissait au risque de dépérir, El Hachemi Guerrouabi se risqua à entrer dans ce qu'on appelait alors l'ère de la chansonnette chaâbie, où il était question d'introduire quelques instruments nouveaux, de mettre quelques touches modernes dans un genre musical du terroir qui, sans le détériorer, allait le faire connaître, écouter et apprécier par les jeunes et les moins jeunes. A partir de là, le chaâbi commençait à reprendre sa place et à se frayer un chemin au milieu des autres genres musicaux de l'époque. Et ce fut donc l'évolution à petits pas, lents mais sûrs, qui allait le mener, doucement mais sûrement, vers l'apothéose. Avec l'aide de Mohamed El Badji et d'autres compositeurs, des titres comme El Barah, El Warqua, El Harraz, Youm el djemma, Kan fi omri achrine, Echams el barda et d'autres succès encore, allaient marquer à jamais l'ouie et le coeur de milliers de fans qui, jusqu'à aujourd'hui, les fredonnent. Mohamed El Badji est également un pionnier de la musique algérienne chaâbie, un musicien, interprète et auteur-compositeur à qui on doit beaucoup et dont les organisateurs de ces soirées chaleureuses en ce Ramadhan 2007 ont honoré la mémoire. Plus connu sous le sobriquet de «khouya el Baz», ce talentueux artiste, de parents originaires d'El Eulma, est né le 13 mai 1933 à Belouizdad (Belcourt). Ses camarades de classe étaient cheikh Baâziz, Chaâbane Madani et Brahim Siket. Déjà tout jeune, fan de musique chaâbie, il fréquentait, dès 1947, le cercle scout d'El Mouradia aux côtés de Didouche Mourad jusqu'en 1952 et fait partie de la troupe de Kaddour Abderrahmane, dit Kanoun. Personnage d'une extrême sensibilité, ayant connu douleur et torture pendant la guerre de Libération où il fut emprisonné et condamné à mort, El Badji se servait de la chanson pour extérioriser son mal et atténuer sa douleur. Dans sa cellule, il fabrique une pseudo-guitare, et improvise une belle chanson intitulée Ya el maqnine ezzine qui restera dans les annales de la chanson algérienne. A sa libération de prison en mars 1962, il se remet au travail et compose de nombreuses chansons qui seront interprétées par Amar Ezzahi, Aziouz Raïs, Rédha Doumaz et d'autres noms connus. Ya bahr ettoufan, Ltiklal, et beaucoup de titres sont là, pour nous rappeler un artiste qui nous a quittés en juin 2003 mais qui reste tout de même présent dans nos mémoires.