Hassan Hattab constitue une mine d'informations sur la logistique, les effectifs et les réseaux dormants des groupes terroristes C'est parce qu'elle coïncide avec plusieurs événements sécuritaires, subitement accélérés, que la visite à Paris, du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Yazid Zerhouni, suscite des interrogations. D'abord les coïncidences: l'annonce par M.Zerhouni à partir de Paris de la reddition de l'ex-émir national du Gspc, Hassan Hattab qui «s'est rendu aux autorités algériennes le 22 septembre», information qui a été donnée le 28 septembre par la presse nationale. Ensuite, le rapatriement par la compagnie française Michelin-Algérie des familles de ses cadres à «titre préventif» à la suite de menaces d'Al Qaîda contre les intérêts français. Ledit rapatriement suivi par ce lui de seize cadres de la compagnie Vinci chargée de la réalisation du métro d'Alger. Enfin, le procès de l'islamiste Rachid Ramda, jugé pour sa complicité présumée dans les attentats perpétrés par le GIA en 1995 à Paris. Tout cela est encadré par l'entretien accordé au journal français Libération par les patrons de la Direction de la surveillance du territoire (DST), Bernard Squarcini, et des Renseignements généraux (RG), Joël Bouchité. Dans cet entretien paru dans l'édition d'hier, les deux responsables français ont rappelé le danger que représente le Gspc, qui a obtenu le label Al Qaîda, pour la France, ses intérêts et pour les trois pays du Maghreb. Plus important encore, ils évoquent pour la première fois l'éventualité d'un retour à la situation sécuritaire de 1995 quand le GIA commettait des attentats à Paris. «Car nous nous retrouvons sous une double menace, à savoir la menace venant de la mouvance internationaliste, donc Ben Laden, mais également la proximité de l'Algérie, et donc un risque de récidive par rapport à ce que l'on a connu dans les années 94-95.» C'est la coïncidence la plus importante et c'est à ce niveau qu'il faut circonscrire le déplacement de M.Zerhouni à Paris qui, selon des sources crédibles, a été accompagné par d'autres hauts responsables de la sécurité. Les responsables algériens et français en charge du dossier sécuritaire ont tenu, selon ces sources, une réunion stratégique. Du côté algérien, des éléments précis et des informations sécuritaires qui éclairent les deux parties sur plusieurs aspects du terrorisme en Algérie et au Maghreb où les intérêts français sont justement menacés: il s'agit de l'ex-émir national du Gspc, Hassan Hattab qui constitue une mine d'informations. Ayant déjà activé dans les rangs du GIA et fondateur du Gspc en 1998, Hattab peut éclairer sur la logistique au maquis, le nombre de terroristes encore actifs, les cellules du Gspc et les réseaux dormants du GIA. En stand-by depuis plus d'une année, cet ex-émir constitue une carte majeure pour les services de renseignements algériens. Après avoir rejeté la Concorde civile de 1999 et le projet de Réconciliation nationale, Hassan Hattab a fini par répondre à l'appel du président Bouteflika et louer la politique de Réconciliation nationale. Il a même proposé d'appeler ses anciens acolytes à se rendre. Il convient de rappeler cet autre cas de conscience: il y a une année que le même Hattab a dans une lettre aux autorités, demandé la prorogation du délai de la Charte et d'offrir en contrepartie son aide dans la lutte antiterroriste «Je suis en mesure de frapper fort ceux qui cherchent à ramener l'Algérie à son douloureux passé», a-t-il écrit. Il apparaît de ce fait que le déplacement de Yazid Zerhouni à Paris entre dans le cadre des échanges et de la collaboration sécuritaire face à un même ennemi. Reste à savoir si des membres de la CIA ont pris part à cette rencontre ou non. Les services de renseignements américains sont très friands des informations sécuritaires et de tout ce qui est en rapport avec Al Qaîda. C'est la CIA qui a communiqué à ses homologues européens des informations selon lesquelles des groupes opérationnels d'Al Qaîda basés en Europe auraient le projet de commettre «des attaques-suicides» contre des cibles à Londres et dans des villes en Allemagne, en Italie et en France, notamment à Paris.