Un nouveau pion sur l'échiquier de l'affaire des rebelles touareg du Mali et du Niger. L'Union européenne fait son entrée dans le jeu, mais très tardivement, après que l'Algérie soit parvenue à calmer la tempête targuie. L'Union européenne se dit «préoccupée» par la «dégradation» de la situation en matière de sécurité dans les régions situées au nord du Mali et du Niger. Très en retard! Le conflit qui oppose les rebelles touareg aux gouvernements centraux de Bamako et de Niamey date de plusieurs mois. Mais cette brusque sortie de l'Union européenne renseigne, néanmoins, d'un germe d'intérêt pour le Sahel, qui commence à prendre corps. Dans un communiqué de la présidence de l'UE, diffusé hier, il est mentionné que l'Union européenne «offre son soutien aux initiatives visant à renforcer la concertation nationale et régionale afin d'assurer la sécurité, la paix et le développement dans la région sahélo-saharienne» et encourage les deux pays à rechercher des solutions communes et concertées sur «une problématique qui dépasse les frontières nationales». Le communiqué de l'Union européenne contient, toutefois, plusieurs zones d'ombre. L'Union européenne ne précise pas les parties prenantes à ces initiatives, ni la dimension qui dépasse les frontières nationales de ces deux pays. A quoi jouent encore les Européens? Qu'on le veuille ou non, pendant que d'autres puissances attendent l'embrasement de la région, l'Algérie n'a cessé de tenter des conciliations et des réconciliations aux fins de préserver la paix et la sécurité dans la région. Le communiqué de l'Union européenne ne fait aucune mention des efforts consentis par l'Algérie. Bruxelles se contente uniquement de condamner «les enlèvements et l'utilisation de mines terrestres» qui constituent un risque élevé pour la population civile et posent des obstacles au développement des régions concernées. L'UE a affirmé, en outre, son soutien aux gouvernements du Mali et du Niger dans leurs actions pour «sauvegarder la paix et l'intégrité territoriale» de leurs pays respectifs. Il faut reconnaître, néanmoins, chose que l'Union européenne n'ignore pourtant pas, que le retour à la violence dans le nord du Mali et du Niger est la conséquence directe de la politique de fuite en avant pratiquée par les gouvernements de Bamako et de Niamey. Au Mali, le regain de violence dans le nord est l'effet direct de la non-application des accords d'Alger, restés lettre morte dans les tiroirs du gouvernement malien. Ces accords, rappelle-t-on, prévoient le renoncement des Touareg à la lutte armée en contrepartie de l'accélération, par les autorités maliennes, du développement des trois régions désertiques du nord du Mali qui abritent l'essentiel de la communauté touarègue malienne. La médiation de l'Algérie, faut-il le souligner, a toujours abouti aux conciliations des frères ennemis. Il y a quelques jours seulement, l'Algérie, sollicitée par Bamako en vue de contribuer aux efforts de paix, a dégagé avec le Mali une cagnotte de 1,15 milliard de Fcfa (1,75 million d'euros) pour mettre en application les accords d'Alger. Ce fonds est destiné à développer les trois régions du nord du Mali tel qu'il est mentionné dans la Charte de paix signée en 2006 entre les rebelles touareg et le gouvernement central de Bamako. Quant au Niger, les rebelles touareg réclament «une juste et équitable répartition des retombées des ressources du sous-sol nigérien». Les Touareg du MNJ revendiquent aussi une meilleure insertion dans l'armée, les corps paramilitaires et le secteur minier local. Le communiqué de l'Union européenne n'a fait, également, aucune allusion à cela. Bon gré, mal gré, le brusque intérêt de l'UE pour la région du Sahel n'est pas sans agitation. Les radars US sont déjà orientés sur la zone sahélo-saharienne.