La nouvelle approche US consiste à «favoriser la stabilité et la sécurité en Afrique, conditions nécessaires à la croissance économique». Les USA cherchent prudemment une brèche pour installer l'Africom (commandement militaire américain pour l'Afrique) dans l'un des pays africains prévus à cet effet. The Washington file a publié, hier, une information selon laquelle l'Africom «adoptera une approche souple et intégrée à sa mission. (Celle-ci consiste à favoriser la stabilité et la sécurité en Afrique, conditions nécessaires à la croissance économique)». Cette nouvelle approche intègre une seconde mission qui ne figurait pas auparavant dans les préoccupations des Américains. Celle d'épauler, en quelque sorte, les pays africains à réussir l'essor et la croissance économique. Le tremplin: «Favoriser la stabilité et la sécurité en Afrique», à comprendre cette nouvelle approche US, devrait, sans doute, selon ses concepteurs amadouer les pays africains pour un éventuel hébergement de la force US. Des hauts responsables américains sont mobilisés aux fins d'appuyer le «correctif» américain. Le slogan utilisé cette fois-ci est simple: «Le nouveau commandement militaire régional des Etats-Unis pour l'Afrique est une organisation diplomatique, économique et de défense intégrée, destinée à promouvoir les efforts que déploient les Etats-Unis en faveur de la sécurité et de la prospérité en Afrique, ont affirmé de hauts responsables», lit-on dans le Washington file. Les Américains qui tentaient sans relâche de convaincre les Africains à adopter l'Africom ont dû donc apporter des correctifs à l'ancien modèle qui, faut-il le dire, a suscité les critiques dans les pays africains. A la différence des commandements militaires classiques, annonce-t-on, le commandement pour l'Afrique, baptisé Africom, ayant son quartier général (provisoire) à Stuttgart en Allemagne, vise «à fournir un appui aux Africains alors qu'ils continuent à bâtir des institutions démocratiques et à assurer une bonne gouvernance». Mais l'Africom axera surtout son action sur «le maintien de la paix, la sécurité, la lutte contre le terrorisme, l'aide humanitaire et les secours en cas de catastrophe», selon les responsables américains, sollicités en vue d'expliquer la nouvelle image de l'Africom. Le commandant en chef de l'Africom, le général William Ward, repris par The Washington file, a déclaré que ce nouveau commandement allait aider les Etats africains à mieux assurer leur sécurité grâce au renforcement des programmes américains et internationaux existants. Mais il a précisé ainsi que d'autres responsables US, que «les objectifs stratégiques de l'Africom dépassaient le cadre des affaires militaires». L'administration Bush ne désespère pas et persévère dans ses efforts d'amener les Africains à adhérer à son projet controversé. En arrière plan de ce correctif américain figure une énième tentative destinée à forcer la main aux pays africains pour qu'ils acceptent, enfin, des bases américaines sur leur sol. Pour le moment, l'Algérie, la Libye et d'autres pays de la région se sont opposés aux velléités américaines d'installer l'Africom sur leur sol. Quant aux pays sahéliens, Niamey, Bamako et N'Djamena sont, du moins, tout à fait conscients des conséquences néfastes que causerait une présence militaire américaine sur leur territoire. Il reste cependant à savoir si ces pays vont trouver quelque intérêt au modèle revu et corrigé par les USA? D'autant que les pays du Sahel vivent une crise économique inextricable. L'enjeu est de taille. Linda Thomas-Greenfield, sous-secrétaire d'Etat adjointe aux affaires africaines, a, quant à elle, fait savoir que les Etats-Unis espéraient que leur appui en matière de réforme de la défense et de renforcement des capacités militaires aiderait les Etats africains, non seulement à gérer les conflits et à minimiser les actes de violence des extrémistes, mais aussi à mettre en place les conditions nécessaires à la poursuite de leur croissance économique. L'idée de l'Africom a pris de l'ampleur avec l'installation de Robert Gates, successeur de Donald Rumsfeld. L'objectif avoué: la lutte antiterroriste dans la zone du Sahel, la médiation dans les conflits armés et l'aide et l'assistance aux populations en butte à la famine et aux épidémies. Reste à décrypter les objectifs en filigrane. Tout le problème de l'Africom est là. Aussi, il n'est pas étonnant que les USA peinent à trouver le pays preneur de leur projet.