La visite du chef de la diplomatie algérienne intervient dans un contexte marqué par la persistance des défis liés à la stabilité et la sécurité dans la région du Sahel. Le chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci, s'est rendu, hier, à Bamako (Mali), à la tête d'une importante délégation multisectorielle, annonce-t-on au département des affaires étrangères. L'objectif de cette escale est de coprésider avec son homologue malien, Moctar Ouane, les travaux de la 10e session de la Commission mixte de coopération algéro-malienne. Cette session, «qui traduit la volonté commune des deux pays d'impulser un nouvel élan à la coopération bilatérale», sera l'occasion pour dresser un bilan et dégager les voies et moyens de son renforcement, précise-t-on également. Mais cette fois-ci, la tenue de cette session intervient dans un contexte particulier marqué par le retour à la violence dans le nord du Mali qui abrite l'essentiel des populations touarègues. L'Algérie, sollicitée récemment par Bamako en vue de contribuer aux efforts de paix dans le nord du Mali, a dégagé avec le gouvernement de Bamako, une cagnotte de 1,15 milliard de Fcfa (1,75 million d'euros) pour mettre en application les accords d'Alger. Certes, les deux ministres des Affaires étrangères, en l'occurrence Mourad Medelci et Moctar Ouane, débattront des moyens possibles en vue d'une concertation et une coordination meilleures entre les deux pays, mais les deux hommes évoqueront inévitablement la crise targuie. La médiation algérienne dans le conflit opposant les rebelles touareg et le gouvernement central de Bamako ne date pas d'aujourd'hui. La médiation algérienne a abouti, tout d'abord, à la réconciliation des frères ennemis et la signature, en juillet 2006, des accords de paix entre les deux parties au conflit. Dans le même but, c'est-à-dire celui de désamorcer la rébellion targuie, des chefs rebelles touareg, nigériens et maliens ont séjourné récemment à Alger aux fins de débattre avec l'Algérie du «processus de paix» dans le nord du Mali et du Niger, là où sont installées les populations touarègues. Il y va aussi, sans l'ombre d'un doute, de la sécurité des frontières sud de l'Algérie et de toute la région du Sahel. L'Algérie et le Mali semblent passer à la vitesse supérieure de la coopération dans ce contexte particulier, marqué aussi par la persistance des défis liés à la stabilité et la sécurité dans la région du Sahel et «les profondes mutations intervenues dans le monde», ajoute le ministre des Affaires étrangères algérien. La même source a souligné que les experts des deux pays sont à pied d'oeuvre dans la capitale malienne pour procéder à l'évaluation de la mise en oeuvre des recommandations de la réunion préparatoire qui s'est tenue à Bamako les 2 et 3 mars 2006 et à l'exploration des opportunités de coopération et de partenariat entre les deux pays. Ainsi, le rétablissement de la sécurité dans le Sahel est devenu une urgence. Justement, cette question, à la fois, d'une sensibilité et importance avérées pour les pays de la région, fera l'objet, bientôt, d'une conférence internationale. Lequel rendez-vous a pris vite la couleur d'une entrevue d'experts. Ce sera, peut-être, aussi le prélude à une fusion d'efforts entre les pays de la région, dont l'Algérie et le Niger, aux fins de pourchasser les cellules terroristes qui activent sur la bande sahélienne, mais aussi de «dompter» les rebelles touareg qui criaient à «l'injustice et à l'exclusion». Et souvent, les connexions entre les cellules terroristes et les rebelles armés ne sont pas à écarter. Au département de Mourad Medelci, l'on annonce que la 10e session de la Commission mixte algéro-malienne sera une occasion pour l'adoption des conclusions des travaux des experts des deux pays. La rencontre sera également l'occasion pour les deux parties de «signer un certain nombre d'instruments devant enrichir le cadre juridique, déjà dense, régissant la coopération bilatérale», a-t-on encore indiqué. Et d'ajouter que, lors de son séjour à Bamako, Mourad Medelci aura aussi des entretiens avec les hauts responsables maliens, éventuellement aussi avec les chefs des rebelles touareg ayant séjourné récemment à Alger. Il est vrai que le communiqué des Affaires étrangères se contente d'user d'un langage diplomatique, mais la question de la crise targuie ne peut être écartée de l'ensemble des discussions.