Mourad Medelci est revenu sur les dossiers traités par son département en 2009 et de l'agenda qui l'attend en 2010. S'il n'a pas évoqué la crise née du match Egypte-Algérie, ou encore le débat sur l'identité nationale en France, il s'est focalisé sur des questions de l'heure, comme la situation au Sahel, les relations algéro-françaises, mais surtout la question de l'inscription de l'Algérie sur les listes noires américaine et française. Pour la région du Sahel, Mourad Medelci rappellera que l'Algérie dispose d'une bande frontalière de 3 700 kilomètres avec les quatre pays du Sahel. Reconnaissant que ces pays ont des problèmes économiques, de stabilité politique et de sécurité, le chef de la diplomatie algérienne a estimé que tous ces problèmes doivent être résolus de manière globale, notamment à travers la stabilisation des populations locales en leur donnant les conditions de vie décentes, mais aussi en évitant que ces zones soient utilisées par des groupes terroristes. Mourad Medelci estime que “le Sahel ne doit pas être surmédiatisé”. Il fera le rappel du travail accompli par l'Algérie en vue de criminaliser le paiement des rançons, à travers la résolution 19/04 adoptée récemment par le Conseil de sécurité de l'ONU. Tout comme il mentionnera que l'Afrique maintient sa position concernant la réforme du système onusien, notamment la représentation au sein du Conseil de sécurité. Concernant le devenir de l'UPM, le chef de la diplomatie algérienne a reconnu qu'il était difficile de continuer à travailler autour d'une table où se trouve un pays qui a agressé un autre pays, allusion à l'agression israélienne contre la bande de Ghaza. Toutefois, il a estimé que les projets initiés par l'UPM devraient être préservés, notamment ceux qui ont trait au développement sous-régional. Il relèvera les retards pris dans l'installation des institutions de l'UPM et espère leur mise en place d'ici l'été prochain, du moins en ce qui concerne le secrétariat général qu'il espère voir avant la fin du mandat franco-égyptien de deux ans. Concernant l'UMA, qui boucle ses 20 ans d'existence, Mourad Medelci a estimé qu'en dépit des difficultés liées au conflit du Sahara occidental, le rythme des réunions a été maintenu et que des projets concrets ont vu le jour. Mais il insistera surtout sur la nouvelle démarche qui commence à voir le jour : celle de faire avancer l'idée de création d'une communauté économique maghrébine, en lieu et place d'une zone de libre-échange. Dans cette perspective, la création d'une banque maghrébine d'investissement est en bonne voie. La question du Sahara occidental a été, une nouvelle fois, évoquée par Mourad Medelci qui regrette “les fuites en avant” pour régler ce “problème de décolonisation”, à travers le référendum d'auto-détermination. Au sujet des camps de réfugiés sahraouis, il dira que “grâce à l'Algérie, nous avons préservé la paix. Il y a un cessez-le feu”. Pour ce qui est de l'accord d'association avec l'UE, le chef de la diplomatie algérienne insistera sur la dimension humaine. Pour lui, cet accord ne devrait pas se limiter à la simple circulation des marchandises, tout en interdisant la circulation des personnes. L'émigration clandestine est, selon lui, la résultante des restrictions européennes en matière de délivrance de visas. Toutefois, il indiquera que l'Algérie est décidée à lutter contre ce phénomène et qu'elle dispose de conventions de réadmission des clandestins algériens avec certains pays européens, dont l'Espagne et la France. Pour ce qui est des relations algéro-françaises, le ministre refuse de parler de divorce ou de froid. Il dira que c'est une relation basée sur des intérêts, notamment économiques, mais aussi sur le fait de la présence d'une forte communauté algérienne en France. La visite annoncée de Bernard Kouchner devrait permettre aux deux parties d'évoquer quelques sujets qui fâchent, notamment l'indemnisation des victimes des essais nucléaires français, la rétrocession à l'Algérie des archives liées à la période coloniale et les investissements français en Algérie. Mourad Medelci fustigera les dernières mesures prises par la France en matière de sécurité aérienne. Des mesures prises sans consultation aucune et que l'Algérie a apprises par voie de presse, selon lui. “Nous ne croyons pas à ces solutions”, estimera-t-il, avant d'affirmer que ces mesures “nous ont surpris, contrariés”. Mourad Medelci espère que “cette page sera bientôt tournée”. La prochaine visite du chef de la diplomatie française, tout comme celle de hauts responsables américains constituent, pour Mourad Medelci, une occasion pour privilégier la voie diplomatique dans le règlement de cette affaire. Il soulignera à cet effet, que les échanges algéro-américains ont atteint les 20 milliards de dollars, essentiellement dans les hydrocarbures, mais annoncera la venue d'une délégation d'hommes d'affaires américains intéressés par d'autres secteurs d'activité, notamment l'agroalimentaire et les services.