Que s'est-il passé réellement, avant, pendant et après ce drame? Enquête sur place. Le 27 mars 1996, très tard dans la nuit, un groupe armé, aux ordres de l'émir du GIA Djamel Zitouni, se présente au monastère de Tibhirine, force les lourdes portes et enjoint, sous la menace, aux religieux de le suivre. Pendant près de quarante jours, les sept moines seront l'objet d'un marchandage politique ignominieux. A l'issue duquel, ils seront décapités. Leurs corps, enterrés quelque part dans les maquis de Bougara, ex-Rovigo, ne seront jamais retrouvés. Leurs têtes sanguinolentes seront déposées au bord de la route sur le chemin de Médéa. Que s'est-il passé réellement, avant, pendant et après ce drame? Enquête sur place... Disons-le tout de suite : jusqu'à la fin de l'«émirat» de Cherif Gousmi, dit Abou Abdellah Ahmed, le GIA avait donné une certaine sécurité aux moines de Tibhirine, exigeant seulement qu'une seule condition soit respectée. Celle de ne pas convertir d'Algériens au christianisme. L'exigence a été respectée et les religieux français vécurent à Tibhirine en toute sécurité. Médéa, Tibhirine, Guerouaou, Tamesguida, la Chiffa, Feroukha, Hammam El Ouane, Rovigo, l'itinéraire qui a emmené les moines de Tibhrine à la mort. Sept points de chute essentiels à notre enquête. Des révélations arrachées au compte-gouttes à d'anciens chefs de zone du GIA, des émirs de Katibate séparatistes, des trévistes qui avaient intégré les rangs de l'AIS ou de la LIDD, d'anciens activistes du FIDA qui se sont désintégrés dans le quotidien des citoyens... Incontournables: les ex-katibate de Médéa, de Rovigo et de Larbaâ. Les rares propos de Ali Benhadjar, de Omar Chikhi, de Mustapha Kertali et de certains leaders de l'aile dite politique, le sont tout autant.