Valoriser les initiatives concourant à redonner un sens plus concret au vouloir vivre ensemble. Afin de répondre aux défis émergeants des sociétés modernes, pour lutter contre le racisme, la discrimination, la xénophobie et l'intolérance, Fameck, une commune de 13.000 habitants du nord-est de la France, au passé sidérurgique, accueille jusqu'à dimanche une trentaine de longs-métrages pour son 18e Festival du film arabe, une manifestation unique en France qui favorise le brassage des populations. Avec 15 à 20.000 spectateurs, la manifestation qui existe depuis 18 ans attire des cinéphiles de toute la région avec des longs métrages portant souvent sur des thèmes de société -religion, place de la femme, homosexualité-, la plupart en exclusivité. A l'origine du projet, Mario Giubilei, prêtre-ouvrier engagé par la mairie dans le centre social d'un quartier défavorisé, décide de créer une manifestation culturelle destinée aux habitants de cette «cité des Arabes», comme l'appellent certains à Fameck. La fin des années 80 coïncide avec une montée du racisme. Le festival doit servir à revaloriser une population d'origine maghrébine largement stigmatisée, qui représente ici un quart de la population. Arrivés dans l'est de la France aux grandes heures de l'industrie sidérurgique, les ouvriers arabes ont aussi été les premières victimes des restructurations de ce secteur. Aujourd'hui encore, Fameck connaît un taux de chômage de 15 à 16%, qui monte à 25% dans le quartier où habitent les populations immigrées, selon la municipalité. «Nous voulions montrer ce qu'est la culture arabe, et pas le folklore», se souvient le président-fondateur. Le Festival du film arabe voit le jour en 1990. «Je voulais absolument que le mot arabe figure dans le titre, pour sa noblesse, alors qu'il est parfois connoté négativement, en synonyme de rejet», précise M.Giubilei. Depuis, la manifestation a pris de l'ampleur. Soixante-dix jeunes y travaillent comme bénévoles cette année, permettant à l'événement d'exister malgré son petit budget de 200.000 euros. Durant les dix jours que dure la manifestation, des plats traditionnels arabes sont préparés et vendus au public. «C'est sans doute le moment le plus fort de l'année, toutes couches sociales confondues, dans la ville», se félicite le député-maire socialiste de Fameck, Michel Liebgott, qui vante un brassage général unique en son genre. Cet événement sert à briser le tabou sur les différents aspects et formes du racisme, de la discrimination et de la xénophobie. Le Festival du film arabe de Fameck ou comment promouvoir la fraternité, en particulier, les valeurs d'écoute, d'entraide et de respect, et valoriser les initiatives concourant à redonner un sens plus concret, au vouloir vivre ensemble.