«Depuis le début de la décennie actuelle, l'Etat a consacré près de 150 milliards de DA au seul secteur de la jeunesse et des sports.» Le président Bouteflika a dressé, hier au Palais des nations, un véritable réquisitoire contre la politique actuelle de prise en charge de la jeunesse. La situation de cette jeunesse a été passée au crible dans un discours qui sonne l'alerte pour une autre approche plus réaliste de prise en charge de ses préoccupations quotidiennes. «Ce problème (problème de la jeunesse, Ndlr) constitue un des aspects, sans doute le plus grave, du problème général que pose la poursuite du processus de redressement national», a-t-il notamment déclaré devant les walis et le staff gouvernemental. «La pertinence de la politique publique» en direction de la jeunesse, un des axes de réflexion traité en ateliers, est le maillon faible dans la chaîne des dispositifs mis en place par les différentes politiques déployées sur le terrain. «Les politiques nationales n'ont pas toujours été à la hauteur des attentes de nos jeunes», a reconnu le Président.. Ce qui est un véritable aveu d'échec des différents Exécutifs qui se sont relayés depuis les années 80. L'Etat n'a pas cessé de mettre les moyens qu'il faut pour une meilleure prise en charge des jeunes en vue de leurs épanouissement et insertion dans la société. Mais il se trouve que ces moyens sont souvent déviés de leur trajectoire ou mal exploités. La politique des passe-droits a fait beaucoup de mal au pays. Aujourd'hui, notre jeunesse verse dans la drogue et la délinquance facilement, faute d'occupation saine et de prise en charge dans les quartiers, villages et cités. Le diagnostic établi par le chef de l'Etat reflète fidèlement la dure réalité d'un vécu d'enfer pour une bonne partie de ces Algériens. «Notre jeunesse, dit-il, s'est ainsi progressivement enlisée dans une crise profonde». Cette crise se manifeste, en particulier, par un affaiblissement du sentiment patriotique, une perte de repères identitaires et culturels, un éloignement des valeurs fondamentales de la société et par de grandes difficultés à se doter de perspectives d'avenir. Ce sont autant de signes qui prédisposent le jeune à toutes sortes de déviances et d'extrémismes et l'exposent, souvent injustement, à la stigmatisation collective. Tout est dit sur cette crise multiforme qui étouffe la jeunesse algérienne. Reste à trouver la bonne formule pour appliquer le remède qu'il faut, avec les moyens qu'il faut et surtout les hommes qu'il faut. Le président nous apprend que «depuis le début de la décennie actuelle, l'Etat a consacré près de 150 milliards de DA au seul secteur de la jeunesse et des sports». Un chiffre effarant qui n'a pas profité à cette jeunesse, mais plutôt à ceux qui en ont usé et abusé pour se faire des fortunes. Il n' y a qu'à voir l'écroulement du sport national dans un pays de jeunes. Le désarroi est total. Le chef de l'Etat n'a pas omis de relever que «le sport semble malheureusement connaître un déclin durable et pourrait encore s'enfoncer davantage». Dans cette perspective de redressement, il est désormais question de faire de ce secteur «une priorité nationale» à l'instar de l'éducation et de la lutte contre l'exclusion. Attendons les actes.