Les arguments présentés par le gouvernement ne sont pas convaincants. La commission des finances de la chambre basse du Parlement a supprimé hier, les articles 17 et 42 du projet de loi de finances 2008. Ces derniers prévoient, respectivement le doublement de la vignette pour les véhicules du tourisme à carburation diesel et le relèvement de la taxe additionnelle sur le gasoil. Le rapporteur de la commission a affirmé dans son intervention, faite à l'occasion de la présentation dudit projet, que les arguments présentés par le gouvernement ne sont pas convaincants. «Le gouvernement espère, à travers ces deux articles de loi, améliorer la prise en charge des actions de promotion et de développement des énergies renouvelables, d'une part et amener les consommateurs à recourir à l'utilisation des carburants propres» d'autre part, a-t-il affirmé. Si ces deux objectifs méritent une attention particulière, il est de l'avis de la commission, «important d'engager une réflexion plus profonde et logique pour faire face aux inquiétudes du gouvernement.» La solution réside, insistent les parlementaires, dans le soutien à l'investissement dans les raffineries pour «répondre aux besoins nationaux et gérer la demande à long terme». En faisant barrage aux mesures proposées par le gouvernement, la Commission parlementaire a analysé longuement leurs effets négatifs sur les différents secteurs économiques, comme le transport, l'agriculture, l'énergie. «Nous avons été surtout guidés dans nos travaux par le souci d'éviter aux citoyens d'autres charges qui viendraient fragiliser davantage leur pouvoir d'achat.» L'APN et les partis politique qui y siègent viennent de gagner un premier point, avant même le début de la campagne électorale pour les locales de novembre. Les députés que nous avons rencontrés hier, à l'hémicycle n'y sont pas allés par quatre chemins pour confirmer que le niet affiché par la commission des finances au sujet des deux articles suscités est alimenté par des arrière-pensées politiques. «Le spectre du boycott hante tous les partis politiques. L'abstention du 17 mai a traduit sans équivoque une fracture entre la population et le politique. Nous essayons de corriger cette image, en donnant un intérêt particulier aux questions qui touchent le quotidien des citoyens», affirme un élu du RND. Son collègue de l'Alliance, M.Saïdi, estime que le débat sur le projet de loi de finances 2008, sera exclusivement politique. «Chaque parti défendra ses opinions en ayant un oeil sur les locales.» La mission de M.Karim Djoudi, le ministre des Finances sera rude. Réagissant à chaud sur la suppression des articles 17 et 42, il a voulu éviter la polémique en affirmant que l'Assemblée populaire est souveraine: «La commission a le droit et le devoir d'apporter les modifications qu'elle juge justes et bénéfiques sur la loi de finances et les soumettre au débat qui tranchera les questions.» Dans son exposé, le ministre a mis en exergue la batterie de mesures initiées par le gouvernement dans le cadre de ce projet pour améliorer le quotidien des citoyens. C'est dire que dans ce chapitre, il rejoint parfaitement le souci des députés concernant le pouvoir d'achat des Algériens. Il cite dans ce sens, la création de 44.231 postes budgétaires avec une enveloppe de 23 milliards de DA. Pour prendre en charge d'une manière définitive le problème des salaires impayés, le gouvernement a débloqué 4,8 milliards de DA et 116 milliards pour couvrir les nouvelles dépenses dues à la révision de la grille des salaires. L'on retiendra que le rapport préliminaire de la commission des finances présidée par le FLN est positif dans son ensemble. La chambre basse s'est longuement étalée sur les «efforts consentis par le gouvernement», l'incitant à impulser la machine des réformes et des investissements. Quelques modifications de forme ont été apportées à quelques articles. Les débats vont-ils suivre les orientations de la commission?