Les opérateurs français demeurent cependant réticents quant à l'idée d'investir en Algérie. Les investissements français en Algérie accusent une courbe croissante. Selon le président du comité Algérie de Medef International, Yves-Thibault de Silguy, ces investissements ont doublé en 2006 par rapport à l'exercice 2005. Ces déclarations viennent comme pour consolider celles faites, la semaine dernière, par Jean-Paul Paoli, conseiller commercial de la Mission économique de l'ambassade de France en Algérie. Celui-ci a, en effet, indiqué que le flux des investissements français en Algérie a augmenté de 111% en 2006. Rappelons que pendant les dix premiers mois de l'année 2005, le taux d'échanges économiques entre l'Algérie et la France a augmenté de 13,6%, par rapport à la même période de l'année 2004. En dépit de ces estimations, les opérateurs français demeurent réticents quant à l'idée d'investir en Algérie. Selon les experts, les tergiversations observées par les investisseurs français sont relatives à l'environnement économique «peu attirant qui prévaut en Algérie». Les réformes des systèmes bancaires et monétaires qui tardent à se concrétiser, la recrudescence des actes terroristes, sont autant de causes qui freinent l'arrivée de ces investisseurs. Ainsi, leur centre d'intérêt est dirigé plutôt vers les autres pays maghrébins, à l'instar du Maroc et de la Tunisie, où les patrons français ne cessent d'affluer. Pourtant, les potentialités qu'offre le marché algérien dépassent de loin celles proposées ailleurs. Il faut rappeler dans ce chapitre que certaines entreprises françaises doivent leur survie à l'Algérie, alors qu'elles étaient au bord d'une faillite inévitable. L'exemple phare est celui d'Alstom qui n'a été «ranimé» qu'après avoir remporté le projet de fournir l‘équipement du système métro et tramway d'Alger. Nonobstant cette situation, Yves-Thibault de Silguy demeure confiant en l'avenir. Il estime que le rapprochement entre les entreprises françaises et algériennes, et qui remonte à plus de six ans, s'opère suivant des étapes bien précises. «Dans un premier temps, il y a eu forte concentration des échanges commerciaux, puis une montée en puissance des investissements français en Algérie. Ils ont pratiquement doublé en 2006 par rapport à l'année d'avant. C'est un processus qui va en s'accélérant», souligne le président du comité Algérie de Medef International. Du côté algérien, on estime que le taux de ces investissements demeure en de-ça du volume souhaité. En visite officielle à Paris, le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, Abdelhamid Temmar, fait des pieds et des mains pour convaincre l'Organisation patronale française (Medef) à investir davantage en Algérie. A l'issue de sa rencontre, avant-hier, avec les responsables d‘entreprises françaises, M.Temmar a annoncé un certain nombre de mesures à même d'améliorer les relations commerciales et d'investissements entre l'Algérie et la France. Il s'agit, entre autres, de la création d'un Conseil d'affaires qui regroupera les hommes d'affaires des deux pays, la désignation de coprésidents actifs à la tête de ce Conseil, la création d'une Chambre de commerce algérienne en France, la mise en place de bureaux spéciaux Algérie et France au niveau des ministères concernés des deux pays. Abdelhamid Temmar a-t-il réussi à convaincre le patronat français? Sa visite officielle en France, qui s'inscrit dans le cadre des préparatifs de la prochaine visite d'Etat en Algérie du président Sarkozy, portera-telle ses fruits? Les réponses à toutes ces interrogations seront données lors de la visite, en décembre prochain, de Nicolas Sarkozy en Algérie. Une visite que les responsables algériens souhaitent de «plus positive que possible».