La chanteuse a tenu à faire une mise au point de sa tournée à travers l'Algérie... Jeudi après-midi, à la salle Hoggar de l'hôtel Hilton, Amel Wahbi, l'interprète du fameux titre El Khayala, en compagnie de son auteur-compositeur et directeur artistique, Midhate El-Khouli, fait son entrée, élégante, tout de noir vêtue et salue l'assistance. Le 21 mars dernier, elle achevait à la salle Atlas, sa tournée artistique qui l'a conduite depuis le 10 mars à travers tout le territoire et notamment dix wilayas du pays dont Saïda, Oran, El-Oued, Biskra, Relizane... «Je pensais qu'il était nécessaire d'organiser ce point de presse pour faire le bilan de cette tournée que je qualifie d'emblée de meilleure chose qui me soit arrivée jusqu'à présent», dit-elle tout de go. Puis, de nous présenter sur vidéo quelques images de sa tournée, «filmées par un amateur», précise-t-elle. Des images notamment du concert qu'elle donna à Biskra où s'étaient rassemblées 8.500 personnes. «C'était impressionnant. Je n'ai jamais vu une telle complicité de la part d'un public. Dès que j'entamais une chanson, tout le public suivait juste après moi et reprenait la chanson en choeur. C'était extraordinaire. Il y avait un fil conducteur qui reliait tout le monde, grands, jeunes, petits et grands, hommes ou . Partout où j'allais, je ressentais vraiment le public, et lui-même ressentait mon émotion». Cette tournée, unique en son genre, Amel Wahbi la qualifie de véritable «marathon» en même temps qu'une «merveilleuse promenade car à chaque fois, quand on arrivait dans une ville, on découvrait de superbes et nouveaux paysages». A propos d'un certain dépassement qui aurait entaché le bon déroulement du concert donné à Relizane, Amel ne manquera pas d'abord de faire remarquer que côté organisation, tout s'est très bien déroulé. «On s'est bien préparé d'autant plus que j'ai l'habitude de ce genre de tournée» (de 4 à 5 jours). S'agissant du débordement dont le public avait fait l'objet, en faisant du grabuge dans la salle et en cassant notamment les sièges, Amel Wahbi dira que c'était normal, car ceci émanait du fait qu'il y avait d'une part beaucoup de monde et d'autre part, que ces jeunes étaient tout simplement heureux. C'est pourquoi ils sont montés sur les sièges. «Ils n'étaient pas en colère. Ils n'ont pas saccagé les sièges». «Si c'est le cas, ajoute-t-elle, ce n'était pas volontaire». Un mouvement de foule qu'elle attribue à n'importe quel autre gala lorsqu'on chante dans un stade. Amel a chanté dans cinq stades. «La foule impressionne!» lâche-t-elle. Sa grande surprise, révèle-t-elle, c'est à Ghardaïa, lorsqu'elle découvrit ces nombreuses voilées, y compris des vieilles venues l'écouter. «Alors je me suis mise à interpréter des chansons spécialement pour elles». A propos du retard dont on l'accuse, quant au concert de Chlef, Amel Wahbi signale qu'en sa qualité d'artiste professionnelle, elle est toujours à l'heure car ponctuelle. A Chlef, précise-t-elle, «il y a eu une coupure d'électricité d'une heure. C'est ce qui a retardé le démarrage du concert car après, il a fallu procéder au réglage de la sono qui a mis une heure. Moi, j'étais prête depuis des heures...». Visiblement émue et la tête pleine de ces souvenirs indélébiles qui l'ont sans doute marquée à jamais, Amel ne cessera de dire toutes les sensations qu'elle a pu échanger avec le public et cette alchimie très rare qui s'est produite entre elle et lui. «On a ri, pleuré, ils ont écouté, dansé, je voyais des très attentives... j'étais spontanée. Je me sentais en famille», dit-elle avec enthousiasme. Ici, Medhate El-Khouli intervient pour témoigner de ce qu'il a pu remarquer à travers cette tournée: «C'est la première fois que je vois Amel dans un tel état de ravissement, d'élégance et surtout de la voir heureuse car elle a su représenter dignement son pays» et d'ajouter: «Ceci est l'un des aspects positifs que l'on peut tirer de cette tournée» et à Amel de révéler avec une poignante sincérité: «Je ressemble beaucoup à ce que je chante. Je suis très sincère, qu'importe la manière dont on peut interpréter mon attitude.» Dans ces villes considérées comme risquées où elle a tenu à se produire pour aller à la rencontre de son public, Amel chantera un riche répertoire dont une partie tirée du terroir, des titres du genre Chihlet Laâyani, Abdelkader y a Boualam, Sidi El Mansour, qu'elle alternera avec ses fameux tubes à l'image d'El-Khayala, Min bahr litani, Ana mouch baghamer... «Il n'y a plus de sous-villes, ni de frontières», dit-elle sans ambages. «Il est possible de chanter partout. On a ouvert les portes», dit-elle grandement satisfaite. Depuis cette tournée, Amel avoue ne plus être la même. «Rien au monde ne vaut l'amour du public», d'après elle et de renchérir: «Je ne demande pas qu'on me comprenne, mais plutôt qu'on soit en harmonie avec ce que je ressens car je chante avec toute mon âme et qu'importe la qualité de mes capacités vocales.» A propos des dépenses faramineuses qui auraient été englouties dans la préparation et la réalisation de cette tournée organisée, faut-il le rappeler, par l'ONCI et réalisée aussi grâce à l'apport du ministère de la Culture et de l'Information, Amel dira que le but de cette tournée relève d'abord du cadre artistique. «Ce que j'ai demandé, c'est à peine suffisant pour me permettre de couvrir les faux frais». Amel achèvera sa conférence non sans faire allusion à son parler souvent empreint d'accent égyptien - ce qui n'est pas surprenant, vu qu'elle vit en Egypte - et mêlé au français: «Si je vous ai semblé ne pas bien parler, c'est parce que je n'aime pas trop parler.» On répondra pour notre part: qu'importe la langue usitée car c'est le coeur, Amel, qui a parlé et c'est l'essentiel !