Cet après-midi, le 12e Salon international du livre d'Alger ouvre ses portes... Commençons par une douce légèreté, une sorte de saillie pas forcément brillante ni irrespectueuse de l'effort de longue haleine fourni par les organisateurs et qu'il faut d'ores et déjà saluer...Mais quelles surprises, ce Salon nous réserve-t-il? Du bruit pour rien? La routine? Voici de retour l'habituel ronron des insatisfaits, des mécontents, des perplexes, des difficiles, des détracteurs, des apologistes, des laudateurs, des opportunistes...avec le silence bourdonnant de la foule fidèle, curieuse, boudeuse, méfiante, fidèle sans la foi véritable de venir se cultiver, la grande foule moutonnière avec ses lentes coulées dans les allées et ses longues stagnations dans les stands exigus, souvent autant humbles que miséreux, et dans les vastes emplacements qui affichent paradoxalement parfois indifférence, orgueil, forfanterie, snobisme. Ici et là, presque tout est pour faire semblant d'être meilleur que le voisin...et, si cela se trouve, que la voisine! Le public, lui également, s'ouvre à toutes les prouesses des exposants, car des livres, des livres, il y en a tant qu'ils jonchent le sol du moindre espace libre, et les piles de dictionnaires forment des tours, des tours aveugles, des tours inhabitées, inertes, inabordables, à leur pied du matériel d'emballage sans utilité. Dans les sentiers sinueux, compliqués, menant d'un exposant à l'autre, d'un rayon à l'autre, d'un livre à l'autre, le vertige prend le visiteur quand il croit avoir vraiment trouvé ce qu'il s'était mis à chercher. Dès aujourd'hui, après l'inauguration officielle, les membres du Comité d'organisation, les éditeurs, les importateurs, les libraires, vont-ils «attraper» eux aussi le vertige, eux qui ont tout si passionnément préparé, agencé, construit pour que le Salon soit utile et attrayant? Sans aucun doute, puisqu'ils officient d'une certaine manière sous la belle, la séduisante, la profonde pensée «Libertés & Imaginaire» qu'ils aimeraient sûrement, et nous avec eux, voir inscrite en lettres d'or sur le fronton de toutes nos institutions culturelles. Mais soyons encore plus sérieux! 2007-1428 est l'an de grâce, une ni‘ma qui annonce tous les biens et prédispose à participer à la fête du livre. En effet, le peuple algérien est à la veille de célébrer le 47e anniversaire de sa glorieuse Révolution et de commémorer l'oeuvre de ses héros martyrs ou vivants; il se félicite avec fierté du choix porté sur «Alger, capitale culturelle du monde arabe» et participe au déroulement des festivités; il prend ouvertement conscience de la mise en valeur spirituelle, éducative et scientifique du magnifique trésor que constitue la Jeunesse pour l'avenir de la Nation algérienne; il persévère dans sa tradition d'amour, de justice et de paix. Aussi les termes «Libertés & Imaginaire», thème générique du Salon, sont-ils deux clés appropriées dont on doit pouvoir désormais se servir pour ouvrir des chantiers et des chantiers de culture, d'éducation, de formation, où les jeunes Algériens apprendront encore et encore ce qu'est la science et ce qu'est la conscience, comme c'est indubitablement aussi le voeu des organisateurs de cette grandiose manifestation nationale. Accordons donc le plus grand respect à un tel événement qui doit secouer les consciences endormies chez nous et chez nos amis d'ailleurs et reconnaissons que nous devons nous assimiler définitivement l'idée simple mais forte, et pourtant trop souvent oubliée, que «la régression est notre plus grand ennemi» ainsi que l'a rappelé, dans son intervention, le président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika, à l'ouverture de la manifestation «Alger, capitale de la culture arabe, 2007» devant les travailleurs de l'esprit. Rejoignons également M.Ahmed Boucenna, président du Comité d'organisation du SILA, et son équipe qui s'évertuent à répondre au mieux aux attentes d'un public exigeant, de plus en plus large et de plus en plus nombreux. A cet effet, ce comité s'est assigné plusieurs objectifs, dont «stimuler le goût de la lecture, promouvoir le livre scientifique, technique et la littérature en général; promouvoir le livre pour enfants». Retenons bien tenacement ce qui, à mon sens, a le goût de miel et que beaucoup de nos jeunes n'ont pas eu la chance d'acquérir, et c'est la lecture. Effectivement, «Lire, c'est le vrai culte, et le mot culture nous en avertit» ainsi que l'affirme avec raison un grand pédagogue connu de tous nos enseignants.