La fin de l'aventure terroriste de Hassan Hattab, est trop belle pour ne pas susciter des interrogations. Décryptage. Un des buts du Gspc, lors de sa création en 1998, consistait à récupérer la base du FIS et gagner la popularité que le GIA a perdue du fait qu'il assassinait des populations civiles par milliers. Autant le GIA déclare apostat toute personne qui n'épouse pas ses thèses, autant le Gspc se fixe comme cibles les éléments de l'armée, services de sécurité et tout ce qui est en rapport avec les symboles de l'Etat. La stratégie visait à absorber la frustration des populations déçues par les comportements horribles du GIA. Le greffon n'a pas pris et la population échaudée par l'islamisme violent n'a pas basculé du côté du Gspc. Cela d'une part et de l'autre, l'organisation de Hattab était déjà minée de l'intérieur. Le doute s‘est installé dès que le Gspc a nommé son émir provisoire en 1999. Il s'agit de Abou Moussab Abdelmadjid qui meurt deux mois plus tard. De nombreux membres du groupe ont pensé à un assassinat commandité par Hassan Hattab. En réalité, il a été abattu, le 1er juin 1999, dans la région de Taghda sur la frontière Biskra- Batna, lors d'une opération de ratissage menée par les éléments de l'ANP. Hassan Hattab prend alors les commandes du Gspc. Le nouvel émir s'oppose farouchement depuis le début, à tout processus de réconciliation: son argument principal consistait à dire que le pouvoir algérien n'était pas sincère dans sa démarche pour la Concorde civile. Celui-ci ne serait qu'un énième subterfuge pour étouffer le djihad en Algérie et neutraliser les moudjahidine. Cette position ferme de Hattab n'empêchera pas les manifestations d'antagonismes et d'oppositions au sein du groupe. Entre 1998 et 2001, le Gspc sera marqué par des rivalités internes. Ce qui a conduit à des défections et à la dissension de nombreux membres attirés par les avantages qu'offrait alors la Concorde civile. En 1999, quelque 1200 membres du Gspc ont été graciés dans le cadre de cette mesure. Et vint le 11 septembre 2001. Cette date fut le premier grand virage du Gspc. C'est la renaissance de ce groupe très amoindri par le projet de la Concorde civile annoncé par le président Bouteflika en 1999. Les attentats du 11 septembre 2001 à New York, ont constitué le grand tournant pour le Gspc. A l'époque, certains émirs du Gspc estimaient qu'il valait mieux assumer la collusion avec Al Qaîda plutôt que de la subir implicitement. Ce sera le plus grand point de friction entre, d'un côté, l'entourage de Hassan Hattab et de l'autre, la jeune garde menée par le bouillonnant Abdelmalek Droukdel et Mokhtar Benmokhtar. Lesquels vouent une admiration sans borne au chef d'Al Qaîda, Oussama Ben Laden. Deux tendances s'affrontent alors. D'un côté, les panislamistes dirigés par Droukdel qui appellent au soutien sans faille des frères en Irak et de l'autre, le camp islamo-nationaliste qui ne jure que par l'Algérie. Bien sûr, leur objectif est de changer le régime algérien pour instaurer ensuite un Etat islamique. Cette différence d'approche idéologique va s'accentuer jusqu'à l'invasion de l'Irak par les forces de la coalition. L'opposition de Hattab à l'envoi des moudjahidine en Irak et son refus de prendre position par rapport à cette guerre lui ont coûté sa place d'émir. Mais il a été mis en minorité au sein du Gspc et six mois après l'invasion de l'Irak, face à la déferlante des images qui ont été perçues comme une humiliation, la majorité des éléments du Gspc ne tarde pas à s'aligner sur la position défendue par la jeune garde. Au début de l'année 2003, le conseil du Gspc vote le principe d'un soutien actif aux frères en Irak et de ce fait, Hassan Hattab est définitivement désavoué, y compris par ses proches collaborateurs, estimant que la guerre en Algérie est définitivement perdue et de ce fait, il vaut mieux sauver l'honneur en participant au djihad en Irak. Totalement mis en minorité, Hattab n'a d'autre voie que de démissionner. Cette démission surprise a étonné même les membres du Gspc et semé la confusion dans les maquis. Beaucoup ont imaginé le scénario du pire: assassinat de Hattab, renversement, complot interne etc. Quant à la presse, elle s'en est donné à coeur joie durant cette période. Avec sa reddition, il y a quelques semaines, aux forces de sécurité, Hassan Hattab rajoute une autre pièce au puzzle compliqué sur son itinéraire sombre.