La présence physique de l'ex-émir du Gspc, réclamée par la défense et catégoriquement rejetée par le président du tribunal, a constitué le point nodal des divergences entre les deux parties. Tant attendu, le procès de l'ancien chef et fondateur du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (Gspc), Hassan Hattab est reporté, encore une fois, à la prochaine session du tribunal criminel d'Alger pour l'année prochaine. Ce report est dicté par «la nécessité de compléter les procédures d'instruction concernant les accusés en fuite» explique le président de la cour. La défense, quant à elle, composée de Maîtres Mustapha Bouchachi, récemment élu à la tête de la Laddh, Khiari Tahar et Aïssani, a exigé la présence de Hassan Hattab, alias Abou Hamza. Les chefs d'inculpation retenus contre lui sont la création et l'appartenance à une organisation terroriste, possession d'armes à feu, vol avec arme à feu, assassinat avec préméditation et utilisation d'explosifs dans les lieux publics. Ces deux derniers chefs d'inculpation excluent, de fait, l'inculpé, des dispositions de la Charte nationale pour la réconciliation. Intervenant, maître Bouchachi estime qu'après la déclaration du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Yazid Zerhouni, affirmant que Hattab s'est bel et bien rendu aux autorités nationales, suivie de celle de M.Tayeb Belaïz, allant dans le même sens, nul ne pourra dire le contraire. Cependant, le président du tribunal ainsi que le procureur général, M.Kahoul Abderezak ne veulent pas s'encombrer de la présence du principal accusé. Une preuve palpable, voire physique est exigée. Chose que ne détient pas le collectif des avocats de la défense. «S'il n'y a pas une preuve physique, la capture de Hassan Hattab relèvera toujours de l'onirisme.» Catégorique a été le procureur général qui n'a pas cessé de répéter qu'aucune preuve concrète n'existe au niveau de la cour d'Alger quant au cas de Hattab. «On ne juge pas les gens en lisant ce qui se rapporte par la presse», poursuit le procureur général, en colère. Cette ambiguïté constituant au préalable le point important des divergences entre le juge et la défense, fera certainement couler beaucoup d'encre. Durant les débats, d'autres aspects du procès ont été soulevés, notamment le cas des quatre détenus, Oudachen, Chihaoui, Laâdjici et Miaoui, inculpés pour les mêmes chefs d'accusation. Cependant, ces derniers ont bénéficié de l'extinction des poursuites dans le cadre de la réconciliation nationale. «Est-ce là une faveur ou quoi?» se demande Maître Khiari, estimant que ces terroristes doivent être jugés comme les deux autres coaccusés, Allalou Hmida, alias Abou Khaled, originaire de Dellys et Bellassel connu sous le nom de Ammar, natif de Bologhine, seuls présents au prétoire. Ce dernier est dans un état physique et moral très critique. Il souffre notamment de troubles de la mémoire. Il n'arrive même pas à prononcer le moindre mot. Représentant la défense, Maître Khiari Tahar a demandé une expertise médicale et le rapport final que rédigera le médecin spécialiste pourra déterminer si le mis en cause peut témoigner. Cette demande est demeurée, aussi, lettre morte, car le président du tribunal a préféré que Bellassel soit maintenu en détention jusqu'à son prochain procès. Il convient de rappeler qu'un délai de dix jours est accordé aux mis en cause «considérés» actuellement en fuite dont Hassan Hattab, condamné déjà en juin par défaut, à perpétuité par les tribunaux de Tizi Ouzou et de Batna, Aït El Hadi recherché par la police nationale et Interpol ainsi que Mesli Rachid qui a bénéficié de la nationalité canadienne selon un avocat. Cette période étant dépassée, un jugement par contumace sera prononcé à leur encontre au cas où ils ne se rendraient pas à la justice.