L'ancien chef de gouvernement estime que l'emploi doit s'orienter vers les secteurs productifs. L'estimation du taux de chômage en Algérie pose de trop nombreux problèmes pour être un indicateur sérieux pour les programmes de l'emploi. Le chômage a-t-il baissé autant que l'affirme l'ONS? Les experts sont d'accord pour reconnaître une accélération de l'emploi, mais qui ne va pas nécessairement avec une baisse aussi forte du chômage. L'ancien chef de gouvernement, Ahmed Benbitour, remet en cause la manière avec laquelle le chômage est calculé dans notre pays. Explications: le chômage est dénombré sur un échantillon de 11.000 familles et durant une période précise. L'application du protocole du BIT dans l'enquête auprès des ménages de l'ONS de 2004 a une part d'explication dans la chute anormalement importante du taux de chômage de 28% à 15% de 2001 à 2005, une baisse de 11,3% en moyenne annuelle. En fait, selon notre invité, toute personne ayant eu une activité rémunérée d'au moins une heure dans la semaine de référence qui est la semaine précédant la semaine de l'enquête, est considérée comme occupée. Donc, si un jeune exerce une activité pendant une soirée une seule fois durant un trimestre dans la semaine de référence, il est comptabilisé comme occupé, précisera M.Benbitour. Mais ce n'est pas tout. Aussi, pour être considéré comme actif, il faut notamment avoir matériellement cherché du travail dans le mois précédant l'enquête et s'être déclaré chercheur d'emploi dans le trimestre précédant l'enquête. Le taux de chômage en Algérie est tombé à 12,3% en 2006 contre 15,3% au cours de l'année précédente, selon les chiffres publiés par l'Office national des statistiques (ONS). Le nombre de personnes disposant de contrats d'embauche à durée indéterminée représente 32,7% du nombre total des salariés algériens. La plupart des salariés (53%) sont employés dans la fonction publique, le secteur du commerce et des services. L'agriculture, les travaux publics et l'industrie représentent respectivement 18, 14 et 14,2% des salariés algériens. M.Benbitour prévoit également que jusqu'en 2030, l'Algérie connaîtra un fort taux de chômage. Ce qui a amené notre invité à parler de la structure démographique de l'Algérie entre 2000 et 2030. Il y aura la stagnation de la classe des effectifs 0 à 15 ans, en d'autres termes, ceux qui n'arrivent pas sur le marché du travail. Sur les trente ans, cette tranche va passer de 10,3 millions et 10,4 millions. Il y aura, par contre, une forte croissance de la population âgée de 16 à 59 ans qui va arriver sur le marché du travail. Cette population va passer de 18,2 millions à 28,5 millions. Elle va augmenter de plus de 10 millions de personnes. Et, enfin, l'Algérie connaîtra une amorce de la croissance de la population de plus de 60%, qui va passer de 2 millions à 5 millions. Sur l'emploi, l'ancien chef de gouvernement estime que l'investissement dans ce sens doit s'orienter vers les secteurs productifs. Il citera comme exemple celui des services. Selon lui, les deux tiers de la richesse mondiale se font dans les services. Notre invité précisera également que nous sommes en train de passer de la révolution industrielle vers les nouvelles technologies de l'information et de la communication (Ntic). Ce secteur est appelé, selon M.Benbitour, à se développer dans notre pays.