Le document note que notre pays semble avoir globalement accompli quelques progrès, notamment en matière de responsabilisation du secteur public et de politique commerciale, cependant l'Algérie traîne en matière de la qualité de l'administration. La région Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena) connaît une période de croissance économique remarquable, accompagnée d'une hausse de la création d'emplois et d'un recul du chômage. “Cette réussite est exceptionnelle si l'on considère la rapidité de l'expansion (sans égal à l'échelle mondiale) de la main-d'œuvre”, souligne le dernier rapport de la Banque mondiale. L'augmentation de la part de l'investissement privé, national et étranger fait du secteur privé la principale source de nouveaux emplois. Néanmoins, les résultats sont inégaux : tous les pays ne tirent pas profit de cette formidable période d'expansion. Pour rappel à la fin du mois de janvier 2007, l'ONS a rendu publics les derniers chiffres sur le chômage. L'office a dénombré 1 240 800 chômeurs (en octobre 2006), soit un taux de chômage de 12,3%. Si l'on en croit les chiffres de l'ONS, (nous reviendrons plus loin sur la véracité de ces chiffres), le chômage continue donc de baisser. Pour autant le rapport note que la productivité, essentielle à l'accroissement durable des revenus, reste faible, et les secteurs à forte valeur ajoutée ne sont pas ceux qui créent le plus d'emplois. À cet égard, la région est confrontée au dilemme du progrès en termes de qualité ou la qualité des emplois. Quelles sont les particularités des emplois nouvellement créés dans la région ? Par ailleurs, le regain de croissance de l'emploi n'a pas modifié certaines des caractéristiques traditionnelles de ce dernier dans la Région Mena. Les élasticités d'emploi demeurent par exemple élevées, ce qui indique que la productivité de la main-d'œuvre continue d'enregistrer une croissance modérée. En outre, la demande de main-d'œuvre dans le secteur public accuse un ralentissement, et la plupart des nouveaux emplois sont créés dans le secteur privé, dans les services notamment. En Algérie, le privé produit 63,2% de l'emploi total, le public 36,8%. Si le secteur des services a été à l'origine de la plupart des nouveaux emplois dans la région, le secteur agricole y joue toujours un rôle capital. L'agriculture a fourni un cinquième des emplois récemment créés en Algérie. L'industrie emploie de moins en moins de travailleurs. Dans la plupart des pays, le développement de l'emploi dans les secteurs de services et, dans une moindre mesure, dans le secteur industriel, est allé de pair avec des gains de productivité. Néanmoins, dans de trop nombreux cas, la création d'emplois s'accompagne d'une baisse de la productivité, surtout dans les pays où l'emploi affiche sa plus forte croissance. Par niveau de qualification, l'emploi créé, en Algérie selon l'ONS : 36,7% des employés ont un niveau d'instruction primaire (24,2%) ou sont analphabètes (12,5%), 31% ont un niveau moyen, 10,7% seulement un niveau supérieur. Mieux. Il y a un problème certain de qualification. En Algérie, le secteur agricole a enregistré une chute notable de sa productivité à mesure que l'emploi progressait. L'évolution majeure en ce qui concerne la population active de la région Mena ces dernières années tient peut-être au nombre grandissant de femmes occupant un emploi. Les taux d'activité des femmes ont sensiblement progressé en Algérie. Le travail salarié, en Algérie, permanent ne représente que le tiers de l'emploi total, et il est en régression puisqu'en 2005, l'emploi salarié permanent représentait 38,2% de l'emploi total. Dans les catégories “employeurs et indépendants” et “salariés non permanents et aides familiaux”, on trouve beaucoup de “travailleurs” du secteur informel et de travailleurs temporaires, 49% des occupés ne sont pas déclarés à la Cnas ! On a donc à faire, ici, à de l'emploi précaire et à des travailleurs pauvres. À plus long terme, toutefois, les économies régionales devront conduire des réformes structurelles approfondies afin d'assurer la forte croissance indispensable pour maîtriser le problème de l'emploi. Il leur faut notamment améliorer le climat de l'investissement privé, favoriser l'intensification des échanges et améliorer les mécanismes de gouvernance dans tous les secteurs de manière à accroître la responsabilisation et la représentativité du secteur public et à rehausser son efficience. Le rapport estime que le climat des affaires demeure dans l'ensemble fragile et comporte des entraves non négligeables à la conduite des affaires, surtout dans des domaines essentiels tels que la création d'entreprises, la protection des investisseurs et l'exécution des contrats. Pour autant, l'Algérie semble avoir globalement accompli quelques progrès notamment en matière de responsabilisation du secteur public, politique commerciale, cependant elle traîne en matière de la qualité de l'administration. Meziane Rabhi