Qu'est-ce qui enflamme à ce point le psychisme des lecteurs des Harry Potter? La réponse est bien évidemment chez les très fidèles lecteurs mêmes, les millions de jeunes et d'adultes, ceux qui ont lu les six premiers volumes des aventures de l'invraisemblable et jeune Harry Potter. Le succès est phénoménal au-delà des frontières de la Grande-Bretagne pour plusieurs raisons parmi lesquelles le choix juste, diversifié et varié des ingrédients qui éveillent l'intérêt du lecteur, qui déclenchent en lui de l'engouement, qui lui offrent à la fois le rêve et la réalité, c'est-à-dire, avant tout, un contenu éducatif, une écriture éloquente, un ton de bon goût et un univers magique inspiré d'un univers transcendé et pourtant ancré dans l'univers de la vie quotidienne. Mais l'étude sérieuse de ce phénomène relève des compétences confondues des spécialistes de la littérature, de la psychologie, de l'éducateur, de la conviction d'offrir à lire, de la mode, du marketing,...-ce que j'appellerais la force de vente qui fait la promotion de la lecture. Autrement dit, l'auteur, Joanne Kathleen Rowling, consciemment ou non (mais voire!) et dont les lecteurs de ses six précédents ouvrages connaissent par coeur la biographie, a élaboré son immense projet avec une très grande finesse dans la recherche et la mise au point des éléments très divers relatifs aux différentes cultures qui ont donné un aspect de lumière à l'habit du personnage et une authenticité à la personnalité du jeune héros Harry Potter. Ce sont bel et bien ces éléments forts et séduisants qui l'ont fait évoluer entre «Libertés et Imaginaire», -ce thème flamboyant qui, au reste, est celui de l'actuel Salon international du livre d'Alger. Et justement, Harry Potter et les Reliques de la Mort(*), traduit de l'anglais vers le français par Jean-François Ménard, le voici arrivé au Sila, au pavillon C (stands EDIF 2000, Alger et Gallimard) depuis le samedi 3 novembre. Ce 7e volume de Harry Potter est bourré d'énigmes, de symboles, d'enseignements, d'émotions, de trouvailles surprenantes, d'inventions étourdissantes et surtout de magie dont la puissance est merveilleuse, au contraire de la sorcellerie (celle ici de Voldemort) qui est habileté diabolique pour nuire et terroriser ses semblables. Mais Harry Potter, maintenant âgé de dix-sept ans dans ce livre 7, qui sort le 7e mois de l'an 2007, veut sauver les siens. Quelle magie encore inédite, le chiffre 7 va-t-il développer dans la lecture épique de cette ultime histoire intitulée Harry Potter et les Reliques de la Mort? En effet, Harry doit, aidé de Ron et d'Hermione, accomplir une mission impossible car spécialement dangereuse: réunir les tristes restes (les Horcruxes restants) de Voldemort et l'anéantir. À cet effet, il ne pourra compter que sur sa propre force tout en respectant les consignes précises qui lui ont été données et il devra suivre le plan prévu. L'histoire héroïque commence...Harry entre dans sa chambre, «tenant sa main qui saignait [...] Il était stupide, injustifié, extraordinairement agaçant, qu'il doive encore attendre quatre jours avant d'avoir le droit de faire usage de sa magie.» Quel drame alors vivra-t-il désormais puisqu'«il n'avait jamais appris à soigner les blessures et maintenant qu'il y pensait -surtout compte tenu de ses projets immédiats-, il lui sembla qu'il s'agissait d'une grave lacune dans son éducation magique.» Et comme toujours, Harry ne reste pas inactif: «Il finit par découvrir l'objet tranchant de sa blessure. [...] C'était un fragment de cinq centimètres de longueur provenant du miroir magique que Sirius, son parrain disparu, lui avait offert.» L'aventure captivante -mêlant esthétique, science et découvertes, humour, technologie et applications- et ensorcelante (c'est le cas de le dire ici) a nécessité trente-six chapitres aux titres accrocheurs et un épilogue (quand même un peu avare d'informations sur l'avenir des personnages) et s'est déroulée sur 816 pages. Ce sont des images d'une vie éprise de «Liberté» et mises en scène par une intelligence créative d'un bonheur reproduit dans un «Imaginaire» triomphant et bienfaiteur. Voilà sans doute un récit tautologique, mais bien utile en littérature pédagogique pour intéresser tous les lecteurs jeunes ou adultes de toutes les couches de la société (y compris de la nôtre) et c'est ce qui pourrait expliquer en définitive que des peuples si différents soient des liseurs acharnés de Harry Potter. Mais on est en droit de se demander ce que vont devenir -ce que l'épilogue ajouté au livre ne dit pas- Harry, ses compagnons et tous les personnages qui ont survécu à ce combat contre les mauvaises ombres d'un monde dont le ciel ressemble au nôtre, ici et là, en ce début du xxie siècle. La question, pour nous Algériens, est pourquoi ce livre est-il recherché chez nous (en dépit de son grand format, de son épaisseur et surtout des réclamations au sujet de son prix de vente trop élevé) et vraiment lu par les jeunes dès l'âge de onze ans? Chacun de nous a, sans aucun doute, une réponse digne d'être prise en considération...En même temps, je voudrais inviter les visiteurs du Sila à encourager aussi les éditeurs de livres d'auteurs algériens pour la jeunesse et le préscolaire en se rendant, par exemple, au stand de la Maison d'éditions Science et Savoir dont plusieurs beaux ouvrages portent le logo de la manifestation d'«Alger, capitale de la culture arabe, 2007». (*) HARRY POTTER ET Les Reliques De La Mort de J.K. ROWLING Editions Gallimard, Paris, 2007, 816 pages.