Le ministre de la Justice estime qu'il est «encore en phase d'enquêtes préliminaires au niveau des services de sécurité». Rebondissement dans «l'affaire» Hattab. Le ministre de l'Intérieur, et des Collectivités locales, M.Noureddine Yazid Zerhouni, a confirmé que le dossier de l'ex-responsable et fondateur du Gspc «n'est pas encore parvenu à la justice». Apportant plus de précisions, le ministre a fait savoir qu'il est «encore en phase d'enquêtes préliminaires au niveau des services de sécurité». A travers cette déclaration M.Zerhouni vient de rassurer la justice. Car, pour le tribunal d'Alger, le chef terroriste serait toujours en fuite. Il n'a jamais été traduit devant cette instance. Son procès prévu pour le 5 novembre passé a été reporté pour la prochaine session criminelle. Ces déclarations semblent contradictoires. Sinon, comment expliquer le fait de traduire quelqu'un devant un tribunal, alors que son dossier n'est même pas parvenu à la justice? C'est un peu ambigu? Me Benbraham, avocate à la cour d'Alger, apporte quelques éclaircissements sur cette situation: «Il faut comprendre que Hattab a été jugé pour d'anciennes affaires. Tous ces procès ne concernent pas sa reddition, mais ils remontent à plusieurs procès», a-t-elle déclaré à L'Expression. Ainsi, Me Benbraham apporte quelque clartés à cette opacité. «Quand Hattab était au maquis, car il était à la tête d'un groupe armé bien organisé, l'Etat l'a déjà poursuivi par défaut. Maintenant qu'il s'est rendu, il est touché par d'autres textes». Hattab bénéficiera-t-il ou non des dispositions de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale? Se référant aux textes de la Charte, notamment ses articles 2 et 4, Me Benbraham déclare que, du point de vue purement juridique, «Hattab doit rentrer dans la réconciliation nationale». Etayant sa position, notre interlocutrice estime que «tant qu'on n' a pas de preuve irréfutable sur son implication directe, Hattab ne doit pas être condamné». Et de s'interroger «est-ce que Hattab a reconnu qu'il est l'auteur direct dans un assassinat ou attentat terroriste?» «Qui peut prouver qu'il a tué ou brûlé?» Se référant aux propos de l'avocate Me Benbraham, on comprend que Hattab est poursuivi dans des procès par défaut. Car, il ne s'est jamais défendu devant la justice. Les déclarations de Zerhouni vont dans le même sens. Selon le ministre de l'Intérieur, l'ex-responsable du groupe terroriste est «lié à plusieurs affaires». «Des enquêtes préliminaires, qui se déroulent normalement, n'ont pas encore abouti», a précisé M.Zerhouni, hier, à la presse, à l'issue de la cérémonie de recueillement à Bab El-Oued en hommage aux victimes des inondations de 2001. Pour la énième fois, le ministre de l'Intérieur réitère que Hattab «n'est pas en fuite» et qu'il sera traduit «le moment venu» devant la justice. Dans un autre registre, M.Zerhouni a marqué, six ans après, une halte à la mémoire des victimes des inondations de Bab El Oued. Accompagné du directeur général de la Sûreté nationale, M.Ali Tounsi, du wali d'Alger, M.Mohamed-Kebir Addou, et des autorités locales, M.Zerhouni a déposé une gerbe de fleurs en hommage aux victimes de cette catastrophe «naturelle». Les représentants de l'Etat se sont rendus successivement au CHU Lamine-Debbaghine, à la placette An-Nasr et devant la Sûreté de daïra de Bab El-Oued. Le ministre de l'Intérieur a tenu à rendre hommage, également, aux agents de l'Etat et aux citoyens qui ont porté secours aux victimes de cette tragédie qui a coûté la vie à plus de 700 personnes.