Le budget de la Défense pour la loi de finances 2008 a suscité maints commentaires de la part des médias marocains qui s'interrogent sur le pourcentage inhabituel consacré à la sécurité. Pour quelles fins le Royaume chérifien renforce-t-il son armement? La loi de finances 2008 consacre près de la moitié de son budget au volet sécuritaire. Plus précisément, plus de 40% du budget de l'Etat est consacré à la sécurité. Cette nouvelle a fait le tour de la presse marocaine. Dans son ouverture d'hier, le quotidien Aujourd'hui le Maroc a titré: «Loi de finances 2008: les trois quarts du budget seront consacrés au social et à la sécurité». Avec un peu plus de détails, la même source précise que «plus du quart du budget de l'Etat est consacré à la sécurité». Le même quotidien rapporte que ce point constitue l'une «des priorités définies par le Souverain». Déjà, le Maroc a signé récemment plusieurs contrats d'armement, notamment avec les Etats-Unis. Cette convention se veut comme la suite d'une politique d'armement tous azimuts décidée par le pays voisin. Dernièrement, plus de quarante chars suisses ont été livrés au Maroc, a rapporté la presse suisse. Celle-ci a révélé qu'un contrat de vente de chars suisses a été conclu par le Maroc et les Emirats arabes unis. Les EAU auraient confirmé que le matériel de guerre était engagé au Maroc avec l'accord de leur ancien propriétaire, les Etats-Unis. Le Royaume alaouite était également sur le point de se doter du fameux Rafale de l'avionneur français Dassault Aviation. L'achat d'armes par le Maroc est financé par l'Arabie Saoudite et certaines monarchies du Golfe. L'Arabie Saoudite a contribué, ces dernières années, dans le renforcement des forces aériennes du Maroc. Il y a lieu d'ajouter le contrat de 200 millions d'euros, signé entre Rabat et Madrid, lors du premier trimestre de l'année en cours, par l'achat de chars. Le Maroc a dégagé, ces dernières années, des enveloppes colossales pour le renforcement de sa sécurité, selon les explications des autorités politiques et sécuritaires chérifiennes. Cela au moment où le taux de chômage, voire de la pauvreté prend des proportions record au Royaume. Un taux de chômage qui dépasse les 10% pour une population estimée à 29 millions d'habitants. Le taux de pauvreté va aussi crescendo. Plus de six millions de personnes vivent dans un extrême dénuement. La pauvreté touche environ 20% de la population. Ce qui fait qu'un Marocain sur cinq vit dans l'indigence. Le Royaume est classé parmi les pays arabes les plus pauvres. Les indigents sont recensés beaucoup plus dans les douars. La population rurale, qui constitue 46,60% de la population totale, représente 65,80% du total des nécessiteux! Beaucoup d'observateurs, marocains notamment, critiquent la politique du roi. On lui a fait reproche d'axer sa politique sur le volet sécuritaire et de négliger d'autres volets jugés urgents, tels le social et le développement économique. Selon la presse marocaine, le volet social a bénéficié d'un budget beaucoup moins important que celui consacré à la sécurité. L'enveloppe sociale pour 2008 ne répondra environ qu'aux besoins de 25% de la population, selon la même source. Quelques questions méritent d'être posées dans cette optique. Pourquoi le Maroc met tous ses efforts sur le volet sécuritaire, alors que la situation sociale se dégrade de plus en plus? Pour quelles raisons s'arme-t-il? Si quelques spécialistes dans le sécuritaire estiment que la politique marocaine vise à réhabiliter l'équilibre stratégique dans la région, d'autres analystes sont allés plus loin. Ils lient la politique d'armement chérifienne par rapport à la question sahraouie. En effet, le Royaume chérifien semble avoir privilégié la confrontation, notamment en persistant à faire la sourde oreille quant à une solution négociée pour le Sahara occidental campant sur une position indéfendable lorsqu'il affirme qu'«aucun autre plan ne sera accepté par le Maroc que celui de l'autonomie». De ce point de vue, les mêmes observateurs avancent que le Maroc serait prêt à aller en guerre contre le Front Polisario en cas d'échec des négociations en cours. D'ailleurs, le Front Polisario n'a pas écarté de son côté le possible retour à la solution armée pour faire valoir les droits du peuple sahraoui. Ainsi, le Makhzen cherche à tout prix à imposer sa «logique du colonialisme» dans les territoires sahraouis. L'ambassadeur sahraoui à Alger, Mohamed Yeslem Beissat, a déclaré récemment: «Le Maroc débourse quotidiennement une cagnotte de 3 millions de dollars pour les besoins de la propagande.»