Deux films, un libanais et un autre marocain, nous ont permis de découvrir deux talents et nous faire connaître deux sensibilités prometteuses... La fête cinématographique se poursuit à Taghit. Dans son deuxième jour, le Festival du film du court métrage continue à faire découvrir aux invités le charme du désert. Outre les films en compétition, présenté dans la journée, la soirée de mardi dernier a permis aux festivaliers de découvrir le ciné-journal, une sorte de rétrospective du festival, réalisée par des stagiaires passionnés par les métiers de l'audiovisuel. Mais aussi de beaux courts métrages internationaux. Il s'agit de Quand Chahrazad s'est tue...du libanais Rami Kadih et Le chant de l'exil de la marocaine Rita Kessar. Le premier raconte l'histoire d'une jeune, Ziad, et retrace le parcours de sa mort dans un quartier chaud et populaire dans le sud du Liban. Les images sont d'emblée chaudes grâce à un filtre spécial, que le réalisateur a choisi, pour exprimer cette atmosphère serrée et angoissantes. La caméra bouge, donne le tournis, comme un vertige après une explosion. C'est un film de diplôme, réalisé avec des acteurs non professionnels, nous a indiqué Rami, lors du débat qui a suivi la projection mardi soir. Un film tourné dans des conditions difficiles eu égards aux problèmes que connaît cette région en proie au parti du Hezbollah. «Mais c'est quelque chose qui pouvait être tourné n'importe où» raconte le réalisateur, avec sérénité. Ce film original par sa conception technique a été projeté, nous apprend-on, sur une chaîne libre au Liban et a eu un écho favorable lors de sa diffusion. Est-ce cela le style de Rami? Lui demande-t-on? «Ce film a été tourné quand j'avais 22 ans. Aujourd'hui j'ai 24 ans. Avec le temps notre style devient mature et nous prenons de nouvelles voies... Certes, au départ nous restons influencé par nos aînés, mais après, on trouve notre propre style...». A propos du titre énigmatique du film, Rami expliquera qu'il symbolise l'assassinat de l'icône de la culture arabe représentée par Chahrazad. «Nous vivons dans un monde surréaliste» confie Rami. Le second court métrage, celui de Rita, son premier professionnel, celui-ci raconte l'histoire d'un concierge ayant laissé son désert et son village à Arfoud pour monter chercher du travail dans la ville et se confronter à ses espaces urbanistiques. Lui, noir, fait la connaissance de la femme de ménage de l'immeuble, une blanche seule et désemparée mais délassée grâce aux belles mélodies qui se dégageaient de l'instrument de cet homme, et jouées dans ses moments de solitude. Le film de Rita est à l'opposé de Rami. Les plans séquences sont longs. Mais le temps semble comme suspendu un peu comme dans ce huis clos du quartier libanais. L'étau se resserre sur cette jeune fille quand, du haut d'un immeuble, elle balaie de sa vue ce paysage froid et austère, fait de béton et d'incommunicabilité. Une histoire vraie et touchante que la réalisatrice a su traduire en images par des angles esthétiques bien choisis. La peinture, une autre discipline qu'elle aime, nous a-t-elle confié en aparté. Cela se devine ainsi par ses portraits humains, ou mieux, par ces cadres naturels qui ressemblent à des photographies. «J'ai voulu exprimer la solitude qui règne dans la grande ville, liée à l'exil, à la séparation de ceux qu'on aime, transpercée par cette grandeur de l'urbanisme». Aussi, l'atmosphère dans laquelle baignent nos deux personnages est meublée de silence et de solitude. Et de reprendre pendant le débat: «j'ai voulu aussi montrer ce tabou qui existe encore entre une personne blanche et une autre noire». Entre une soirée d'anniversaire sous une khaïma et un concert de musique gnaouie au pied de la piscine de l'hôtel Taghit, une qaâda sympathique a eu lieu aussi dans une des maisons des ksour de l'oasis. Celle-ci a porté sur un sujet des plus intéressants, très peu abordé dans le cinéma ou les écoles. Il s'agit de la musique dans le 7e art, de son utilité ou nécessité ou encore de son effet «second». Des avis très divers ont émaillé cette quaâda qui nous a permis de connaître les différentes approches des réalisateurs d'ici et d'ailleurs, vis-à-vis de ce sujet fort passionnant.