Ce long métrage sera projeté demain, lors d'une avant-première qui aura lieu à la salle El Mougar, à partir de 18h. Après 3 ans de tournage et plus de 7 ans de préparation, le film Chacun sa vie de Ali Ghanem est enfin achevé, un peu grâce au commissariat d'«Alger, capitale de la culture arabe». Tourné en partie en France et une autre en Algérie, ce long métrage tire son essence d'un autre film réalisé par Ali Ghanem en 1997. C'est l'histoire de deux amis algériens originaires de Jijel, partis à 40 ans tenter leur chance en France. Un film qui traite, notamment de la solidarité entre ouvriers français et algériens. Il s'agit de L'Autre France. Si l'un deux finit par décéder et son corps est rapatrié en Algérie, le second se mariera et aura une vie prospère. Il rêve après sa retraite de rentrer au bled. Or, sa femme et ses enfants, étant nés Français, ne l'entendent pas de cette oreille. Pour eux, leur pays, c'est la France. Ceci est le versant de l'histoire de Chacun sa vie qui nous plonge de plain-pied dans le quotidien d'une famille ordinaire, immigrée en France, avec ses hauts et ses bas, son train-train, ses colères et ses ras-le-bol..«Je n'ai pas voulu montrer les Maghrébins tels qu'ils sont décrits habituellement, c'est-à-dire vivant dans des bidonvilles et subissant le racisme. Je montre plutôt une famille standard», nous expliquera Ali Ghanem lors d'une interview réalisée en 2005. Entre passé et présent, des images de L'Autre France surgissent et viennent accompagner dans sa rêverie notre vieil immigré. Nous retrouverons ces deux amis des années plus tard, en effet, dans Chacun sa vie. Le père, Rachid, campé avec finesse par Ahmed Taybi, travaille dans une morgue, sa fille prend des cours de piano, le garçon, 20 ans, traîne un peu avec ses copains tandis que la seconde fille, 30 ans, divorcée, est à la charge de la famille. Mais elle finit par prendre conscience de son individualité, quitte le cocon familial et va s'installer à Marseille où elle travaillera dans la boutique d'une amie..«Ce sont des gens qui vivent au sein de la société française et ce, pour donner l'image du vécu d'une famille qui a réussi. Cependant, il se produira une cassure au sein de cette cellule eu égard à une certaine modernité, à l'évolution de la société.» Le père est bien décidé à aller revoir son village. Entré par bateau à Alger, y restera-t-il? Vous connaîtrez la réponse demain, lors de l'avant-première qui aura lieu à la salle El Mougar, à partir de 18h. Tous les cinéphiles et fidèles à L'Expression sont conviés à assister à cette projection. Attaché à ses thèmes de prédilection, à savoir l'analyse de la société avec délicatesse et sensibilité, Ali Ghanem ne déroge pas à la règle dans ce film où il signe une oeuvre pleine de qualité. Chacun sa vie dévoile, sans grandiloquence ni cliché, le vécu d'une famille ordinaire en France qui peut buter parfois sur les us et coutumes des parents, comme le mariage par exemple. Le film d'une heure trente minutes prend le temps de nous transporter dans les rues de Paris mais aussi d'Alger au gré des flâneries de son acteur principal. Il y a comme un air de nostalgie qui plane dans ce film où l'envie de partir est écrasante dans le regard de ce vieux qui s'obstine à vouloir rentrer à tout prix, maintenant que sa vie est derrière lui et qu'il a fini par prendre sa retraite et vu ses enfants grandir. «Je veux les protéger!» dira-t-il à sa femme alors que celle-ci lui reproche d'avoir attendu que sa fille obtienne une bourse pour qu'il l'invite enfin au restaurant. Chacun sa vie se veut aussi un témoignage et un vif hommage aux ouvriers algériens qui ont sacrifié leur vie pour subvenir aux besoins de leur famille. Un film touchant qui pourrait interpeller plus d'un... Notons que Chacun sa vie rassemble une pléiade d'acteurs maghrébins. Ce choix n'est pas fortuit, le réalisateur a voulu sciemment marquer ce brassage de cultures maghrébines et leur cohabitation en France, et donner la chance à tous ces comédiens professionnels de jouer dans un film de qualité. Pour rappel, Ali Ghanem a signé plusieurs oeuvres cinématographiques dont Mektoub (Prix médaille d'argent de la ville de Vérone, Italie, 1971), L'Autre France, Une Femme pour mon fils...Avec Chacun sa vie, Ali Ghanem signe pour la première fois la réalisation d'un long métrage.