Du 6 au 11 avril, le Musée du cinéma consacre un cycle à Rachid Bouchareb. Depuis une dizaine d'années, des rêves forts habitent Rachid Bouchareb. Il rêve, en effet, d'offrir le spectacle cinématographique aux jeunes de Maghnia. Il rêve de redonner à ces milliers d'enfants, le plaisir qu'il a eu à leur âge en fréquentant les salles obscures, à l'occasion de ses vacances. Lorsque Rachid réalise son premier court métrage Peut-être la mer (1983), tous les cinéphiles avertis détectèrent un nouveau talent. Il confirma très vite, avec ses longs métrages de Bâton rouge (1985) à Little Sénégal (2001), en passant par Cheb (1990) et bien d'autres ; il déploya ses qualités de réalisateur avec éclat. Cet enfant de «Maghnia», «tout juste 30 kilos mouillé», comme l'aurait dit un ami journaliste, aujourd'hui, malheureusement disparu, ne s'arrêta pas là. Il comprit très vite cette règle élémentaire et utile: la meilleure façon de mener à bonne fin ses projets cinématographiques consiste, non seulement à les réaliser, mais aussi à les produire. C'est ainsi que sa petite entreprise indépendante se développa très vite, grâce à son dynamisme, son savoir-faire et surtout son intelligence, ce qui lui permit d'aller plus loin et de produire d'autres cinéastes, mais toujours du tiers-monde. Rachid Bouchareb n'est toujours pas satisfait. Il comprit très vite, là aussi, qu'une fois le film produit, il fallait bien le distribuer. La loi du marché étant féroce, les films restant en boîte très souvent, il relève ce nouveau défi en créant «Tassili Films» à Oran, société de distribution qu'il gère avec son frère. Le portefeuille de ses films en distribution nous permet de comprendre que ce garçon respecte toujours ses engagements initiaux quant à la défense de notre cinéma. C'est ainsi qu'il prend en charge et défend des films tels que Vivre au Paradis de Boualem Guerdjou (1999), Tanit d'or au festival de Carthage à Tunis (1999) et West Beyrouth de Ziad Doueiri, Tanit d'argent également en 1999 au même festival de Carthage. Il tient beaucoup à son dernier métier, car c'est le seul moyen pour les enfants de Maghnia de voir d'authentiques films sur grand écran. En rendant hommage à Rachid Bouchareb aujourd'hui, la Cinémathèque algérienne, ainsi que tous les cinéphiles s'associent à lui pour une pensée émue et affectueuse à Youcef Sahraoui, ce magnifique directeur de la photo, complice et ami de Rachid dans plusieurs de ses films.