Le problème du vieux bâti à Annaba est une plaie béante à laquelle il faudra prescrire une thérapie efficace. Une enquête judiciaire «précise et approfondie» a été ouverte, hier sur l'explosion de gaz survenue samedi dans la vieille ville de Annaba et qui a fait six morts et huit blessés, selon un communiqué du bureau du procureur général près la cour de cette ville. Cette enquête devra ‘'déterminer avec exactitude les causes'' à l'origine de ce sinistre, précise la même source. Au lendemain du drame, les habitants de la vieille ville, voisins et parents des sinistrés, étaient encore rassemblés devant l'immeuble de trois étages qui s'était effondré. Les décombres jonchent encore le sol, des ustensiles de cuisine calcinés traînent, des effets vestimentaires et des jouets couverts de poussière et de suie sont encore là, témoins d'une tragédie que le Tout-Annaba a vécue dans sa chair. Dans la petite ruelle donnant accès à une maison voisine, des hommes et des femmes continuaient à déménager leurs affaires pour les empiler un peu plus loin, attendant l'arrivée des camions de la commune qui les transporteront au centre de transit de Kharouba. Les habitants de l'immeuble voisin (8 familles) très touchés par l'explosion, vitres soufflées, murs fissurés et portes défoncées, ont été inscrits sur une liste pour bénéficier bientôt de logements sociaux. «Nous avons la promesse du wali qui s'est déplacé, hier, pour nous voir, il nous a assurés que nous allons être relogés bientôt, nous y croyons et nous nous y accrochons de toutes nos forces. Vous savez, il ne nous reste plus rien!» nous dit un père de famille, debout près de gros baluchons dans lesquels il avait entassé tout ce qu' il possède. Juste à côté, dans l'autre ruelle, c'est une femme en pleurs que des voisins tentent de consoler. «Elle a perdu son frère dans l'explosion», nous confie un vieil homme. Une autre criait et gesticulait pour protester contre le fait que les services concernés ne l'ont pas portée sur la liste des futurs bénéficiaires de logements. «Venez voir ma maison, crie-t-elle, il y a des fissures profondes sur tous les murs, le toit risque de s'effondrer à tout moment, je vous en prie, que Dieu exauce tous vos voeux, aidez-moi!» Le fonctionnaire à qui elle s'adressait lui fit savoir que son tour viendra et qu'elle n'avait qu'à attendre quelques jours, le temps de s'occuper des sinistrés qui, eux, sont sans abri. Omniprésents, les agents de la Protection civile sont postés aux endroits stratégiques pour parer à toute éventualité. Deux ambulances sont encore là, mobilisées pour évacuer toute personne qui se trouverait mal. Les policiers en civil ou en tenue sont, eux aussi, là pour assurer la sécurité des citoyens et pour prévenir tout acte répréhensible. Aujourd'hui, la situation est maîtrisée, l'Etat est intervenu avec tous ses services pour apporter aide et assistance à des citoyens en danger, mais cette action qui se situe en aval ne résout nullement le problème, elle est circonstancielle et répond seulement à une urgence. Le problème du vieux bâti à Annaba est une plaie béante à laquelle il faudra prescrire une thérapie efficace qui mettra définitivement à l'abri les milliers de citoyens qui vivent dans la vieille ville.