La tutelle reconnaît que l'Université est confrontée à un manque flagrant d'infrastructures pédagogiques. L'Université algérienne est sur une poudrière. A peine les enseignants ont-ils abandonné l'option de la grève que les étudiants la reprennent. Au rythme où vont les choses, l'Université risque d'être plongée, de nouveau, dans un mouvement de débrayage. Actuellement, plusieurs campus universitaires, à travers le pays, sont secoués par des mouvements de protestation. Le malaise est dû aux mauvaises conditions sociopédagogiques dont souffrent les étudiants, et à la mauvaise prestation des oeuvres sociales. A l'université de Tizi Ouzou, le manque flagrant d'infrastructures pédagogiques, conjugué aux conditions d'hébergement lamentables et un transport entre le campus et les cités universitaires, qui se fait de plus en plus rare, ont incité les étudiants à prendre leur problème à bras-le-corps. Ces derniers, tout en dénonçant leur situation, on ne peut plus déplorable, exigent le départ de l'actuelle directrice des oeuvres universitaires de Hasnaoua. Selon certains étudiants que nous avons joints hier par téléphone, un déficit flagrant est constaté en matière de transport, notamment au niveau de l'axe reliant Hasnaoua et la résidence universitaire de Boukhalfa, distantes d'environ 5 kilomètres. Les choses risquent d'empirer avec l'arrivée de l'hiver. D'autant plus que la région de Tizi Ouzou est connue pour la rudesse de son climat. A l'université de Béjaïa, les choses sont plus compliquées. A ce niveau, les étudiants ne manquent pas, eux aussi, de dénoncer les conditions sociopédagogiques qu'ils qualifient de «catastrophiques». Actuellement, la protestation bat son plein, notamment après le saccage, avant-hier, des bureaux de la direction régionale de l'Office des oeuvres universitaires de Béjaïa. Et selon toute vraisemblance, la colère des étudiants n'est pas près de s'estomper. Puisque le départ de la directrice des oeuvres universitaires est exigé. Cette responsable est, en effet, pointée du doigt pour «sa gestion chaotique des oeuvres universitaires, qui s'est traduite par des lacunes flagrantes constatées à tous les niveaux: restauration qui laisse à désirer, conditions d'hébergement indécentes...». Des cas pareils sont soulevés dans la majorité des universités du pays. Le ras-le-bol des étudiants est exprimé à Sétif, Bouira, Oran, Médéa, Boumerdès, Alger. Partout, c'est le même désarroi. Pourtant, l'Etat a consacré des sommes faramineuses au secteur de l'enseignement supérieur. La loi de finances 2008 a, d'ailleurs, consacré plus de 118 milliards de dinars pour ce secteur. Une enveloppe budgétaire que d'aucuns estiment importante pour que les étudiants algériens subissent de pareils «châtiments». Où réside le mal concernant l'Université algérienne? Contacté hier par L'Expression, le chargé de la communication au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Djamel Benhamouda, reconnaît que l'Université algérienne est confrontée à un vrai problème d'infrastructures. Il estime, néanmoins, que «les choses ne peuvent pas se régler du jour au lendemain». M.Benhamouda, tout en indiquant que l'Université algérienne enregistre une augmentation considérable du nombre d'étudiants, et un manque en places pédagogiques, ne manque pas, à son tour, d'accuser les entreprises, chargées de réaliser de nouvelles infrastructures universitaires, pour non-respect des délais de réalisation. «J'aimerais bien qu'on dise ça aussi, au lieu de vilipender le ministère de l'Enseignement supérieur», estime Djamel Benhamouda. Celui-ci indique, toutefois, qu'il «est inacceptable que les étudiants réagissent avec violence, parce que la violence n'a jamais porté de fruits». Il souligne, en outre, que «les étudiants, au lieu de s'occuper de l'administration et de la gestion des oeuvres universitaires, devraient plutôt réclamer des conditions plus conformes et demander des outils d'études plus adéquats». Mais cela ne fait qu'ajouter de l'huile sur le feu, car «Ne ressent la douleur de la braise que celui qui marche dessus».