Si l'Ecole et l'Université venaient à faillir, c'est l'avenir de tout le pays qui serait sérieusement compromis. L'éducation nationale et l'enseignement supérieur sont deux secteurs qui naviguent à vue et souvent loin des objectifs tracés. Pour l'éducation, la consistance des programmes est nettement supérieure au volume horaire. Les élèves peinent à suivre le rythme «imposé». Le quantitatif prend le dessus sur la qualité que le premier responsable du secteur évoque dans ses discours. A chaque intervention d'un officiel, c'est le volet quantitatif qui est mis en avant. Il est vrai que des réalisations ont été effectuées, il est vrai que le taux de scolarité est des plus importants en Afrique, mais il est aussi vrai que des carences criantes sont à relever dans la qualité de l'enseignement que dispense notre école. La part du lion du budget de l'Etat, 374 milliards de dinars, réservée à l'éducation dans la loi de finances 2008, n'a pas permis à ce secteur d'effectuer son décollage. Et ce n'est pas le ministre de l'Education, Boubekeur Benbouzid, qui se montre satisfait par les résultats de la réforme, qui cachera ces carences. La réalité de notre système éducatif est là pour rappeler que le département de l'éducation broie toujours du noir. Des bourdes monumentales ont été enregistrées dans les manuels scolaires. En témoigne un couplet de l'hymne national supprimé dans les livres de 5e année primaire. Le niveau des écoliers est si bas que les bacheliers qui ont obtenu le sésame pour l'université sont considérés comme des «analphabètes bilingues». Les classes où sont assurés les cours, sont pleines à craquer. En sus de ces facteurs défavorisants, l'on remarque l'absence quasi totale de suivi psychologique au sein des établissements scolaires, conjuguée à la prolifération de certains fléaux sociaux. Au niveau de la capitale, près de 6% des lycéens de moins de 18 ans consomment de la drogue au lycée. La violence étend également ses tentacules au sein de ces établissements. La situation a atteint son paroxysme au point que les lycéens ainsi que leurs enseignants, ont observé plusieurs grèves qui ont paralysé le secteur. Les enseignants contractuels ont observé de leur côté, une grève de la faim pendant près de deux mois. Pourtant ils ne réclamaient que leur intégration. Le sort, qui leur a été réservé par les forces de l'ordre, n'encouragera pas les compétences algériennes à regagner le pays! Ils étaient mal traités, intimidés, ridiculisés et matraqués pour être ensuite embarqués comme des malfaiteurs qui écument les rues d'Alger. Leurs sit-in ont été empêchés. Quant à l'enseignement supérieur, la situation ne se présente pas sous les meilleurs auspices. «Enlisée» dans des perturbations récurrentes, l'Université algérienne touche le fond. Le manque de professeurs spécialisés est relevé au niveau de plusieurs centres universitaires, sans compter les autres tracas quotidiens. Des étudiants, qui vivent dans des conditions précaires, peinent à donner le meilleur d'eux-mêmes. Leur bourse, 900 dinars par mois, est insignifiante. «C'est une misère», a précisé un député lors de la dernière rencontre avec le Premier ministre. Une qualification que M.Ouyahia refuse d'admettre. Et de reprocher au représentant du peuple «des propos inconscients.» Toute vérité n'est pas bonne à dire...Les étudiants, dans leurs différents débrayages, ont interpellé la tutelle ainsi que le chef de l'Etat sur les scandales enregistrés chaque fois que la question a trait à un concours de master. M.Harraoubia, conforté par le soutien du Premier ministre, se dit satisfait de la situation de l'université. A se fier à lui, l'introduction du LMD a porté ses fruits. Chose qu'on ne peut vérifier au moins une fois à l'université. Des étudiants désorientés. Des programmes inachevés...et un manque flagrant en ressources humaines et matérielles. La réussite de ce système n'est pas pour demain. Si l'école et l'université venaient à faillir, c'est l'avenir du pays qui serait sérieusement compromis.