L'article 199 des règlements généraux permet à la fédération d'intervenir dans cette affaire. Issad Bourahli est-il suspendu ou non? Voilà la question que l'on peut se poser en ce moment, sachant qu'une rumeur a circulé mardi soir indiquant que le joueur de l'USM Alger venait d'écoper d'une suspension de quatre matchs. Il semblerait qu'un communiqué de la Ligue nationale ait été rédigé en ce sens, mais jusqu'à hier après-midi, le site Internet de la Ligue nationale ne donnait aucun information au sujet de ce prétendu communiqué. Celle-ci aurait-elle craint une mauvaise réaction de l'opinion publique et des dirigeants des autres clubs? Tout est possible, mais on ne manquera pas de s'interroger sur ce qui a amené la commission de discipline à prendre tout ce temps pour juger une affaire, somme toute, banale, qui ne demandait qu'une stricte application de la réglementation. On peut, en effet, faire le reproche à la presse de l'avoir trop gonflée, mais il faut reconnaître que la commission de discipline de la LNF a contribué à lui donner une dimension qu'elle ne méritait vraiment pas. Les membres de ladite commission cherchaient-ils à faire parler d'eux en maintenant en haleine l'opinion sportive? Vu le scénario qu'on nous a proposé, on est bien obligé de faire toutes les suppositions. D'entrée de jeu, cette commission de discipline avait commis une énorme bourde, celle de n'avoir pas siégé le dimanche suivant, le match USMA-ASO qui avait vu Bourahli gifler l'arbitre de la rencontre, M.Boukedjar. En suivant cette démarche, elle s'est attirée les foudres de nombre de gens du sport, notamment ceux du Mouloudia d'Alger qui, à juste raison, avaient soupçonné les membres de cette commission de faire le jeu de l'USM Alger vu que Bourahli, en l'absence de toute sanction, pouvait jouer contre leur club le lundi 19 novembre. Face à la levée de boucliers, la Ligue nationale est intervenue pour réparer l'erreur de sa commission en prononçant une suspension à titre conservatoire du joueur. On peut, même, soupçonner la FAF d'être intervenue pour faire pression sur la Ligue nationale. La commission a attendu près de 15 jours pour ouvrir le dossier et l'étudier. Là aussi, le doute pèse sur sa neutralité, car s'il est vrai qu'elle se réunit les dimanches, il n'existe aucune réglementation qui l'empêche de siéger n'importe quel jour de la semaine. Après avoir entendu le joueur, puis l'arbitre, elle aurait statué sur les mesures à appliquer, mesures qui feraient état d'une suspension de quatre matchs pour Bourahli. Si cela venait à se vérifier, il s'agirait d'un véritable coup de poignard donné dans le dos du football algérien. Une humiliation de plus pour un sport qui n'en finit pas de vivre dans le bricolage et dans l'à -peu- près. Qu'importe ce qui s'est passé sur le terrain, le plus important est qu'il y a bien eu agression (gifle) de la part du joueur envers l'arbitre. La stupidité voudrait que ces membres, pour se justifier, vont dire que le délégué du match n'a rien vu (il semblerait que c'est ce qu'il aurait écrit dans son rapport). Dans ce cas, l'arbitre est un grand fabulateur et est passible des tribunaux pour avoir «sali» Bourahli. Mais il ne serait pas le seul à fabuler. C'est que le jour du match, il y avait du monde dans le stade, parmi eux les gens de la presse qui ont tous vu le geste de Bourahli et l'ont rapporté dans leurs écrits. Se seraient-ils donné le mot pour enfoncer le joueur? Et puis, il y avait l'entraîneur de l'USMA, Abdelkader Amrani, qui aura été bien le seul, dans son camp, à condamner l'acte de son joueur. Malheureusement, des Amrani ça ne court pas les rues dans un football en folie où, pour peu, c'est l'arbitre Boukedjar qui aurait été condamné et Bourahli remercié de l'avoir giflé. Comment ne pas le croire lorsqu'on apprend que le président de la Direction technique de l'arbitrage (Dtna) a opté pour la défense du joueur, accusant «son» arbitre de n'avoir pas tiré le carton rouge au joueur s'il s'était senti offensé? Les arbitres ont des raisons de se sentir abandonnés lorsque la structure, censée les protéger, ne se met pas de leur côté. Il y a deux ans, Ishak Ali Moussa, joueur de l'OM Ruisseau avait écopé d'une suspension de deux ans, réduite à une année par la suite, pour avoir bousculé un arbitre de touche lors d'un match contre le MCA. L'acte de la bousculade est peut-être moins grave qu'une gifle en plein visage pour les gens de la commission de discipline. A moins que, pour eux, sanctionner Bourahli est plus dur que de s'en prendre au lampion qu'est Ali Moussa. Toujours est-il qu'il est fort probable que la Fédération ne va pas rester les bras croisés car le coup de poignard lui est également donné à travers ce stupide verdict. Selon l'article 199 des règlements généraux, le président de la FAF peut s'autosaisir de toute affaire où il y a violation des règlements du football. Et si le verdict de 4 matchs venait à se confirmer, il y aura bien eu violation de ces règlements. Aussi Bourahli devrait se garder de crier victoire, car la FAF pourrait refuser un tel verdict et frapper fort (suspension d'une année). En somme, ce dossier est loin d'être clos.