L'USMH a raison, le RCK aussi, l'instance juridique sportive nous laisse en plein marasme. L'affaire a traîné depuis deux mois et elle a abouti à une nouvelle situation encore plus stressante pour les supporters de deux clubs qui en sont concernés: le RC Kouba et l'USM El Harrach. En effet, le Tribunal arbitral des sport, saisi par les dirigeants du club koubéen au sujet du dossier de leur joueur Samir Khelidi, vient de rendre un verdict qui a complètement désarçonné les acteurs de ce très mauvais scénario puisqu'il s'est dit «incompétent» à prendre une décision qui puisse ouvrir la voie à un dénouement final. Le TAS estime qu'il «s'agit d'un cas inédit d'usurpation d'identité avec documents administratifs officiels non prévus par les règlements généraux de la FAF...» et il demande «au président de la FAF de s'autosaisir du dossier comme le stipule l'article 199 des règlements généraux du football algérien afin de trouver une solution juste et conforme au droit». L'article en question indique qu'«en cas de violation manifeste des règlements généraux par l'une des structures gestionnaires du football, le droit est conféré au président de la Fédération de s'autosaisir de toute affaire traitée à laquelle il donnera la suite qu'il convient.» Il s'agit, maintenant de savoir si dans ce cas précis, il y a eu «violation manifeste des règlements généraux» par la Ligue nationale ou par la commission de recours de la FAF, le deux instances qui ont eu à étudier le dossier Khelidi. Dans l'esprit du président de la FAF, il semblerait que non, sinon pourquoi aurait-il confirmé en Bureau fédéral la décision prise par la commission de recours? Il avait, à ce moment-là, l'opportunité de faire jouer l'article 199. Il ne l'avait pas fait certainement parce qu'il avait estimé que la sentence de la commission de recours était justifiée. Aujourd'hui, le président de la FAF, M.Hamid Haddadj, déplore le fait que le TAS ait fait état de son «incompétence» et lui renvoie le dossier. Il affirme que «pour dénouer cette affaire, il y aura une application stricte des règlements». Une déclaration qui ne plaide pas en faveur du club koubéen car les seuls règlements que l'on connaisse en la matière, ce sont les règlements généraux du football algérien dans lesquels l'article 97, alinéa B, de son Code disciplinaire stipule que «un club faisant jouer un joueur dissimulant son identité aura match perdu». L'article ne fait aucune référence au club dont la bonne foi a été trompée, ni au cas d'une fraude tolérée par l'administration algérienne. Dans le fond, le RCK peut dire qu'il est dans le vrai, mais l'USMH également, d'autant que les cas de jurisprudence de clubs ayant perdu des matchs par pénalité pour avoir aligné des joueurs ayant fraudé sur leur identité, existent. Et ces clubs-là, comme le RCK, ont été trompés dans leur bonne foi car il nous étonnerait fort qu'une équipe prendrait le risque de faire jouer sciemment un joueur fraudeur. Il reste que, dans cette affaire, il y avait au moins une personne qui savait que Khelidi jouait sous l'identité d'un autre. C'est...Samir Khelidi lui même. Il savait, pertinemment, que ce qu'il faisait était dangereux pour son club. Il aurait, donc, dû avertir, en toute conscience, ses dirigeants pour qu'ils prennent leurs dispositions comme celle consistant, -puisque le changement d'identité était toléré (selon les dires du joueur) par l'administration algérienne-à demander à la Ligue nationale et à la Fédération une dérogation. Au-delà, maintenant de ce qui peut se passer, il faut tenir rigueur à la Ligue nationale et à la Fédération de n'avoir pas fait valoir leur autorité. L'USM El Harrach avait, peut-être raison dans cette affaire, ses dirigeants auraient dû s'en tenir à attendre que le verdict soit prononcé d'une manière sereine. Or, cela ce n'est pas du tout de cette manière que s'est passé puisque, pour la première fois dans l'histoire du football algérien, des dirigeants de clubs et leurs supporters ont fait usage de la menace pour obtenir gain de cause. Le président de la commission des règlements et qualifications avait clairement signifié sur les ondes de la Radio, avoir statué sous la menace. La Ligue nationale n'aurait, donc, jamais dû entériner cette décision et aurait dû demander un réexamen de l'affaire dans le calme et loin de toute pression. Non seulement elle ne l'a pas fait, mais elle a été suivie par la FAF qui a agi comme si l'usage de la menace était normal. Si demain les dirigeants d'un autre club venaient à opérer de la même manière, ils auraient, entièrement raison. Le plus cocasse serait que ce club fasse pression sur la Ligue nationale au détriment du club harrachi. On verrait, alors, si les dirigeants de l'USMH accepteraient qu'on use de menace pour faire perdre leur club. Le drame est que ni la LNF, ni la FAF n'a jugé utile de saisir les tribunaux alors qu'il y a eu des dégâts dans le siège et agression contre des employés de la Ligue. Tout ce que la LNF s'est contentée de faire c'est de sanctionner le vice président et le secrétaire général du club harrachi et de faire payer 250.000 dinars à ce dernier. Toute cette histoire reflète le déplorable état dans lequel se trouve le football algérien où chacun croit qu'il a raison alors qu'il est dans le faux. On menace, on exerce des pressions, on fait jouer des joueurs sous une fausse identité, tout cela n'est que le produit d'un sport bien malade et qui a besoin d'un remède de longue haleine pour s'en sortir.