Le RND rafle la mise, le FFS recule et le FLN marque des points. Jour d'élection et jour de pluie en Kabylie. Ce jeudi, il pleuvait à verse en Kabylie. Les électeurs se rendaient, le matin, par petits filets, aux centres et bureaux de vote. L'atmosphère était bon enfant. A Aïn El Hammam où nous étions arrivés tôt jeudi matin, la ville vaquait normalement à ses occupations. Les bureaux et centres de vote étaient ouverts et aucun incident n'a été signalé. Il en est de même à Iferhounen ainsi qu'à Larbaâ Nath Irathen. Des électeurs rencontrés, aussi bien à Aïn El Hammam qu'à Larbaâ Nath Irathen, disent que «l'essentiel est que les gens votent sans aucun incident et qu'ils se prononcent librement». L'atmosphère montrait une certaine tendance vers le FLN, même si les militants d'autres partis affirment chacun sa conviction que son parti allait cartonner. A Tizi Ouzou, il pleuvait toujours et les électeurs montraient une certaine frilosité à aller vers les bureaux de vote à cause, justement, du mauvais temps. Les rues étaient de véritables rivières et la circulation se trouvait assez gênée. Rares étaient les files d'attente au niveau des bureaux de vote, mais les gens votaient tout de même si, finalement, le taux de participation de la ville de Tizi Ouzou est le plus faible. A Draâ El Mizan, les électeurs se pressaient vers les urnes en début d'après-midi, certes, ce ne sont pas les chaînes interminables de monde, mais tout de même des gens votent et dans le calme. A Boghni, c'est la même atmosphère de calme et aussi de veillée d'armes. Les «amis» des candidats sont sur le pied de guerre, tout comme à Draâ Ben Khedda, des groupes de jeunes gens, installés devant les centres de vote, répétaient aux électeurs le numéro de liste de leurs partis, conseillant ainsi aux gens de voter «utile» en choisissant leur liste. En début de soirée, la tendance visible était que le RCD allait faire un carton. Il semble que les vagues de contestation au FFS ont laissé des traces. Plusieurs électeurs, traditionnellement du FFS, ont versé vers le FLN ou encore se sont abstenus. Un goût certain d'amertume se lisait sur les visages de ses militants. Au dépouillement, des jeunes gens ont lapidé la mairie de Tizi Ouzou et il avait fallu que les forces de sécurité interviennent pour que les choses rentrent dans l'ordre. Les quelques jeunes gens se sont finalement dispersés. A Draâ Ben Khedda où le candidat sortant a vraiment mouillé la chemise, celui-ci est finalement le vainqueur, et durant une partie de la nuit, ses amis ont fêté l'événement avec force bruit et klaxons. Hier matin, lendemain d'élections, on s'est rapproché de M.Boussad Boudiaf, député et responsable du RCD qui nous a fait cette déclaration à chaud: «On aurait voulu que le FFS n'ait pas un score bas dans la région et que ses électeurs, surtout ne se reportent pas sur le FLN. Mais, nous, nous sommes des bâtisseurs et nous pensons que seule l'union est l'alternative». Par ailleurs, s'agissant des résultats de ces joutes électorales, l'ont a relevé que le parti de Saïd Sadi, tient la tête du tableau aussi bien dans les communes qu'au niveau de l'Assemblée de wilaya, où il a raflé la mise avec 31 APC et 16 sièges à l'APW. Il a, en effet, réussi à récupérer plusieurs importantes municipalités, à l'image de celles d'Azazga et Bouzguène, qui étaient entre les mains du FLN et d'indépendants. Toutefois, si le RCD a réussi à reconquérir la haute Kabylie, notamment les localités d'Aït Yahia, Iferhounène et Illiltène, il n'en demeure pas moins qu'il a été totalement laminé dans le versant sud-ouest de la wilaya, où la palme revient au FLN, qui a fait une percée remarquable dans cette région. Il a ainsi obtenu une majorité, mais relative, dans les communes de Boghni, Aïn Zaouia, Frikat et Aït Yahia Moussa. De son côté, le FFS a perdu du lest avec une nette régression par rapport aux précédentes échéances électorales. En outre, le vieux parti de l'opposition qui a facilement eu, entre autres, Draâ Ben Khedda, Tadmaït, Ouaguenoun et Tirmitine, n'a pas su préserver celle du chef-lieu de wilaya qui a été remportée par le FLN, avec six sièges, à la faveur du critère du candidat le plus âgé. La bataille était très serrée dans la capitale du Djurdjura, où l'ex-parti unique était au coude à coude avec le FFS, tandis que le RCD, les indépendants et le RND ont décroché respectivement 4,4 et 3 sièges. Aussi, le RND n'a aucunement, réussi à se placer dans la région. Il n'a obtenu que trois APC, à savoir celles d'Akerrou, Idjer et Beni Yenni. Les indépendants se sont imposés dans les communes de Bounouh, Aït Boumahni et Tizi Ghenniff. Enfin, étant donné que la quasi-totalité des communes sont dépourvues de majorité absolue, les alliances sont, ainsi inéluctables pour éviter tout blocage dans les affaires des municipalités.