Il régnait ce jeudi, jour du scrutin partiel de proximité, une ambiance bon enfant dans la majorité des centres de vote visités. Même si l'engouement n'était pas tout à fait au rendez-vous, on aura remarqué la volonté des citoyens de doter leurs localités respectives d'élus, mettant ainsi fin à une situation controversée qui a duré plusieurs années. Akfadou, première halte, le centre de vote Timri enregistrait déjà une cinquantaine de votants après une heure d'ouverture. Sur place, le chef du centre se montrait rassurant. Dans cette localité, tous les indices indiquaient un calme parfait. Les votants venaient par petits groupes avec des intentions de vote assez exprimées puisque les militants des partis concernés les recevaient avant d'entrer dans les salles réservées à l'opposition ; sans doute pour donner les dernières consignes pour éviter toute erreur préjudiciable. Plus bas, à Tifra, l'ambiance était plus animée à l'image d'ailleurs de la campagne électorale. Dans cette localité, les partisans de la liste indépendante conduite par Mouloud Ramoul faisaient montre de plus de détermination. Leurs véhicules réquisitionnés, n'arrêtaient pas leurs va-et-vient transportant les électeurs et les électrices. Tout ceci dans un climat de sérénité. A Sidi Aïch, centre urbain important, les électeurs se sont aussi mobilisés, là aussi pour une autre liste indépendante drivée par le Dr Brahiti. Ses partisans étaient là présents à guetter le moindre électeur pour l'orienter. Dans un centre de vote, les femmes qui votent habituellement la fin de journée, étaient déjà là. Soudain, les visages se crispaient un peu. Non loin de là, on signalait des troubles. Des jeunes ont en effet barricadé la route nationale 26 à hauteur de Takeriezt. L'intervention de la police permettra la réouverture de cet axe routier avant que les gens ne reviennent à la charge. Sur place, les citoyens s'interrogeaient qui pouvaient être ces jeunes. A qui obéissaient-ils? Une interrogation de taille d'autant plus qu'aucune partie n'avait appelé au rejet. On supposera pendant un moment leur appartenance au MAK mais sans confirmation. A notre approche on refusait de parler sur quoi que ce soit, y compris sur le sens du geste entrepris. Nous quittons les lieux laissant les services de sécurité veiller sur les centres de vote. Le face-à-face durera par intermittence durant toute la journée. A El Kseur, un centre de vote sera malmené toute la journée mais ne sera pas fermé. Là on aura remarqué la consigne des citoyens qui, en dépit des jets de pierres et la présence massive des services de sécurité, allaient voter. Des incidents prévisibles dans cette ville réputée pour son acharnement contre les différents scrutins. Comme lors du référendum, des jeunes manifestants, répondant aux appels des archs, s'en sont pris à un centre de vote, celui de l'école Hamounou Akli. Tôt le matin, les jeunes se sont rassemblés non loin du centre et c'est le face-à-face entre les policiers et les émeutiers qui marqueront manifestement cette journée d'élection. La veille, une marche conduite par Ali Gherbi avait arpenté la ville appelant au rejet. Un rejet qui n'aura pas lieu mais qui a atténué le taux de participation qui sera des plus bas dans la wilaya de Béjaïa. Au centre de vote, la quiétude régnait malgré tout. Le chef du centre, qui nous recevait à son bureau, minimisait volontairement les incidents. Lui qui connaît bien la ville ne montrait pas de signe d'affolement, s'appuyant sur la détermination des citoyens à doter leur commune d'élus. Notre interlocuteur parle de «chahut de gamins» répondant aux injonctions d'adultes. Les représentants des partis affichaient une colère non pas en raison de fraude mais de cette tentative de sabordage voulue par une partie qui «manipule les enfants». Au chef-lieu de wilaya, un calme total régnait dans tous les centres de vote. Aucune appréhension n'a été décelée aussi bien dans le comportement que dans les propos. Mais l'engouement n'était pas au rendez-vous. Il aura fallu attendre l'après-midi pour voir enfin une affluence toujours faible. De l'autre côté de la wilaya, on nous signalait une affluence record. A Tazmalt, où la bataille a été rude entre le FFS et la liste conduite par Smaïl Mira, les électeurs se sont mobilisés pour dépasser tous les pronostics. Chaque partie s'arrangeait pour que les partisans aillent voter, tous les moyens ont été mobilisés pour concrétiser les objectifs. Le même engouement était aussi visible à Tichy et Melbou dans le versant est de la wilaya. Incontestablement, la région de basse Kabylie a renoué avec l'urne mais de façon timide car la teneur du discours des partis en lice n'avait pas trait aux préoccupations qui concernaient les citoyens. De l'avis même des électeurs rencontrés dans les bureaux de vote, la seule motivation reste celle de doter les APC d'élus légitimes et mettre fin à une situation de crise qui n'a que trop duré. Mais le choix était beaucoup plus motivé, du moins pour les gens qui avait à coeur de voter, par la personnalité des candidats.