L'enjeu affiché est d'assurer une participation record lors du scrutin de demain, transformé en référendum de popularité pour Vladimir Poutine. La campagne pour les législatives s'est achevée hier en Russie, avec comme enjeu affiché, d'assurer une participation record lors du scrutin de demain, transformé en référendum de popularité pour le président Vladimir Poutine, à trois mois de la présidentielle de mars. A partir de 00h01 heure locale samedi, toute déclaration politique et diffusion de spots électoraux sont interdites dans le pays, qui s'étend sur onze fuseaux horaires. ´´Ne pensez pas que tout est décidé d'avance´´, titrait hier en «une» le journal officiel Rossiiskaïa gazeta, reproduisant, comme de nombreux quotidiens, l'intégralité de l'appel la veille de Vladimir Poutine à aller voter. Son adresse télévisée, enjoignant les 109 millions d'électeurs à choisir entre son parti et le retour à ´´l'humiliation´´ des années 1990, repassait encore hier à la télévision. Car le risque d'une très forte abstention est l'objet de toutes les craintes du parti au pouvoir, Russie unie, donné largement favori par ailleurs avec plus de 60% d'intentions de vote dans les sondages. Les appels à aller voter se multiplient jusqu'à la dernière minute, avec par exemple des SMS envoyés par les opérateurs téléphoniques pour rappeler aux électeurs que leur vote est ´´important pour le pays´´. ´´Et voilà, la campagne politique est finie. Samedi, (aujourd'hui) ce sera le ‘'jour du silence'', où il est interdit de faire campagne. Et dimanche, ce sera le divertissement qui revient tous les quatre ans´´, écrit lui aussi en «une» le journal Izvestia (pro-Kremlin), évoquant l'ambiance de fête dans les bureaux de vote, avec leurs petits pains fourrés proposés aux électeurs. Agitant le spectre de la déstabilisation, tandis que les Russes restent traumatisés par le choc économique consécutif à la chute de l'URSS, M.Poutine a fait campagne sur le thème, très soviétique, des ennemis de la Russie, qualifiant de ´´chacals´´ ses opposants, subventionnés selon lui par l'Occident. ´´Jamais par le passé le chef d'Etat en exercice n'avait pris personnellement une part aussi active dans la campagne´´ des législatives, souligne Izvestia. Le journal Kommersant ironise quant à lui sur le ´´candidat numéro un´´, ´´héros´´ de ce scrutin transformé en plébiscite. Le président Poutine, tête de liste de Russie unie, devait se rendre dans l'après-midi à l'Académie des sciences pour une dernière intervention publique. Dans le même temps, l'opposition, qui a un accès quasi nul à la télévision, a prévu plusieurs petites manifestations symboliques hier, pour dénoncer le climat d'étouffement politique dans lequel s'est déroulée cette campagne. Le parti réformateur Iabloko a manifesté à la mi-journée dans le centre de Moscou pour réclamer ´´que le pouvoir soit sous le contrôle des citoyens´´, son slogan de campagne, dénonçant l'accaparement du pouvoir par M.Poutine. Crédité de 1 à 2% des voix, il a cependant peu de chance d'entrer au Parlement. Le mouvement de l'ex-champion du monde d'échecs Garry Kasparov, L'autre Russie, prévoit quand à lui une manifestation symbolique (hier) sur la place Pouchkine, en tournant en dérision ce scrutin autour d'une fausse urne. L'Autre Russie, qui a appelé à boycotter le scrutin, n'a pas pu se faire enregistrer comme parti, et donc participer aux législatives, en raison des nouvelles restrictions de la loi électorale concernant la fondation d'un parti. Au soir du scrutin, L'Autre Russie et le parti libéral SPS, promettent de redescendre dans la rue, une semaine après la répression de manifestations d'opposition et la condamnation de M.Kasparov à cinq jours de prison. Seul un groupe restreint d'observateurs étrangers surveillera ce scrutin. La principale instance de surveillance électorale de l'Osce, le Bureau des institutions démocratiques et des droits de l'homme (Biddh), a décidé de boycotter les élections, en invoquant les entraves posées par Moscou.