Comme prévu, le parti de Poutine a remporté une victoire écrasante aux législatives russes, entachées de fraudes selon l'opposition, mais qui garantissent au chef de l'Etat de rester influent une fois parti du Kremlin en 2008. Russie unie, qui a obtenu 63,3% des suffrages, selon des résultats préliminaires partiels publiés hier matin et portant sur 79,4% des suffrages, fait un bond phénoménal par rapport aux législatives de 2003 (37,57%) et devrait obtenir la majorité constitutionnelle, au moins 300 des 450 sièges. Les communistes, seul parti d'opposition à la Douma, arrivent en deuxième position avec 11,7%, mais confirment leur inexorable érosion depuis la chute de l'URSS. Au total, quatre partis franchissent a priori la barre des 7% requise pour siéger au Parlement : Russie unie, le PC, les ultranationalistes pro-Kremlin (LDPR) de Vladimir Jirinovski et le parti de gauche pro-Kremlin Russie juste. De fait, les législatives se sont transformées en un plébiscite de popularité pour Poutine qui est assuré de garder le pouvoir en exerçant une influence sur le Parlement et sur le gouvernement à l'issue de la présidentielle de mars 2008 à laquelle il ne peut se présenter. Ces élections ont été un référendum de soutien à la politique de Vladimir Poutine, a déclaré le chef de Russie unie et président de la Douma sortante, Boris Gryzlov. Russie unie a annoncé qu'il dévoilera le 17 décembre son candidat pour la présidentielle du 2 mars prochain. Depuis des mois, plusieurs scénarios sont envisagés pour que Poutine conserve une influence après son départ du Kremlin, comme Premier ministre, chef de la majorité ou leader national aux fonctions à préciser, de façon à briguer la présidentielle en 2012. L'opposition libérale, déjà inexistante dans l'assemblée sortante à l'exception de quelques députés indépendants, est une nouvelle fois laminée : Iabloko ne remporte que 1,7% et le SPS 1% des voix. Le taux de participation, un des enjeux du scrutin, s'établit à près de 62% et dépasse celui de 2003 (55,75%). L'opposition et l'ONG russe Golos ont dénoncé de nombreux bourrages d'urnes, entraves à leur travail et abus dans l'utilisation des urnes mobiles. À l'étranger, la transparence du scrutin a aussi été mise en doute. Un haut responsable de l'OSCE a critiqué hier les législatives, estimant que le pouvoir exécutif avait quasiment élu le nouveau Parlement. La Maison-Blanche a également appelé les autorités russes à enquêter sur les accusations de violations qui auraient marqué les législatives. Le numéro 2 de la Commission électorale russe, Nikolaï Konkine, a promis que toutes les plaintes seront minutieusement étudiées. D. B.