Un document historique fait par une femme, pour une femme, symbole de toutes les femmes algériennes... La salle Ibn Zeydoun de l'Office Riadh El Feth a abrité, lundi dernier, le vibrant hommage qu'a voulu rendre Baya Hachemi à Mamia Chentouf et, à travers elle, à toutes les femmes algériennes qui ont combattu et ont sacrifié leur sang, leur chair et leur vie pour que vive l'Algérie d'aujourd'hui, libre et indépendante. Baya Hachemi, dont le nom n'est plus à faire, a voulu à travers ce «document historique qui aurait pu être un film de fiction, n'était le manque de moyens financiers», selon ses propres paroles, faire connaître aux générations actuelles une femme algérienne brillante et combattante, qui a été parmi les premières moudjahidates à se soulever contre le colonialisme destructeur et à crier haut et fort sa révolte et sa détermination à voir son pays indépendant. Brillante étudiante et première sage-femme algérienne, Mamia a été, dès son plus jeune âge, très active au sein d'associations féminines créées pour militer au même titre que les hommes, pour une cause noble et indiscutable. Elle a milité au sein de l'Afma (Association des femmes musulmanes algériennes), avec à ses côtés des femmes de cran, de courage et de volonté, dont on citera Nefissa Hafiz, Malika Mefti, Baya Larab, Nassima Hablal, Meriem Benouniche, Zohra Tobiche, Izza Bouzekri, Zoreida Safir, Baya Nouari, Zoubida et Farida Saker, Manouba Khaked et tant d'autres fidaiyates qui ont ouvert leur maison pour abriter les moudjahidine, transporté des armes au maquis, soigné les blessés, encouragé à la lutte au sein des campagnes et des villes, faire adhérer des membres au mouvement national, détourné l'ennemi pour permettre des interventions de groupes armés ou même prendre carrément les armes et monter au maquis. Beaucoup de témoignages faits de sang et d'émotion constituent ce document historique que Baya Hachemi a le mérite de réaliser et qui, malgré quelques imperfections dans le montage et le choix des interventions parfois non succinctes et quelque peu anachronologiques, peut être considéré comme un travail de mémoire, un film-souvenir où il est question de se remémorer l'histoire d'une Guerre d'Algérie, faite par des hommes et des femmes à travers des mouvements nationaux (PPA, Mtld, FLN, ALN) et des associations (UFA, Afma, Fdif, Aeman) qui ont mené à la liberté et à l'indépendance dont les Algériens jouissent aujourd'hui, mais dont ils ignorent, pour la plupart, le dur parcours et les grands sacrifices qui ont été à l'origine. C'est à travers des recherches, des témoignages et des constitutions de ce genre que des héros, tels que Abane Ramdane, Messali Hadj, Benyoucef Benkhedda, Lamine Debaghine, Ourida Meddad, Hassiba Ben Bouali et tant d'autres resteront éternels...Mamia Chentouf était présente dans la salle, au grand bonheur de ses amis et compagnons de route et de lutte, qui étaient tous heureux et fiers de la revoir lors de cette projection qui fut l'occasion de retrouvailles et le lieu de rencontre de nombreux visages qui ont marqué l'histoire de l'Algérie et qui sont restés, pour la plupart, dans l'ombre. Cette «héroïne des temps modernes», telle une diva, reine et sereine, au visage angélique, au regard sûr et confiant, racontait dans ce récit des souvenirs tristes et douloureux, des moments tragiques et dramatiques, des étapes dures mais capitales d'un long mais passionnant et passionné parcours qui a mené vers une victoire: celle de l'Algérie. Entourée des Hafiz, Rguimi, Saker, Ben Osmane, Laliam, dignes représentantes des «Jeanne d'Arc» algériennes, très nombreuses, certaines encore en vie et d'autres, hélas, disparues mais présentes dans la mémoire de tout un chacun, Mamia Chentouf donne l'exemple d'une femme algérienne, d'hier et d'aujourd'hui, qui, par sa simplicité, sa volonté, son intégrité, sa jalousie et son amour pour sa patrie, a su mener son combat et mener son Algérie vers la liberté...La question qui reste posée est: sommes-nous dignes, aujourd'hui, nous, les enfants de cette Algérie, des sacrifices consentis hier?