Il serait uniquement basé sur un nombre limité de coopérations économiques concrètes dans des domaines bien ciblés. Le candidat Sarkozy en a fait l'un de ses principaux thèmes de campagne, lors de la dernière présidentielle. Le projet d'Union méditerranéenne, aussitôt lancé par le président français, fait l'objet d'une rude controverse. Aussi bien au sein de l'Union européenne que des pays de la rive sud de la Méditerranée, on parle de manque de «visibilité» du projet proposé. D'où cette course contre la montre enclenchée par le président Sarkozy et la diplomatie française, qui se consacrent activement à préciser la teneur de ce projet. S'ensuit un périple marathon de l'initiateur du projet. En l'espace de cinq mois, soit depuis le mois de juillet dernier, le chef de l'Etat français s'est rendu en Tunisie, en Algérie, au Maroc et en Libye et demain en Algérie. Les interlocuteurs des responsables français demeurent sceptiques. Cependant, l'hôte du président Bouteflika parviendra-t-il à convaincre du bien-fondé de sa démarche? L'Algérie acceptera-t-elle de négocier son adhésion à «l'Union» naissante sur la base du seul chapitre économique, d'autant plus que le premier locataire de l'Elysée doit venir en Algérie pour décrocher des contrats? Le soutien du président Sarkozy au projet marocain dit d'«autonomie» du Sahara occidental, ne constitue-t-il pas l'un des points de divergences entre Alger et Paris? Tant de questions qui doivent être tirées au clair par le président français. Côté algérien, on préfère attendre pour voir. Le ton est à la prudence. Lors d'un récent point de presse, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Abderrachid Boukerzaza, affirme que «Alger n'est ni pour, ni contre le projet du président français. L'Algérie n'a pas pris de position officielle et définitive». Plus explicite, le ministre ajoute: «Nous ignorons encore le contenu du projet d'Union méditerranéenne. On doit le débattre d'abord, pour se prononcer sur la position d'Alger ensuite.» Même son de cloche du côté du ministre des Affaires étrangères, M.Mourad Medelci. S'exprimant à l'occasion d'un point de presse conjoint avec son homologue français, Bernard Kouchner, le chef de la diplomatie algérienne semble privilégier le processus de Barcelone. «Il y a encore beaucoup à convaincre au niveau européen et au niveau de la rive sud de la Méditerranée». Avant d'ajouter que ce projet «ne contredit pas fondamentalement le processus de Barcelone, mais vient le compléter». Devant la commission des affaires étrangères de l'Assemblée française, Medelci affirme que le projet du président français «comporte beaucoup d'ambiguïtés, mais il y a encore beaucoup de choses à clarifier», a-t-il déclaré en substance. D'ailleurs, lors de sa dernière visite en Algérie, le président de l'Union européenne, était sceptique par rapport au projet «sarkozien». Les parlementaires européens privilégient plutôt le dialogue politique dans le cadre du processus de Barcelone. Ce qui est à retenir du projet d'Union méditerranéenne, c'est le fait qu'il s'oriente plus sur le volet économique, feignant d'ignorer le sensible volet politique. En effet, le président français, connu pour ses positions vis-à-vis des questions sahraouie et palestinienne et son refus de la repentance concernant les crimes coloniaux, compte éviter le volet politique de son projet d'Union méditérranéenne. D'ailleurs, Les responsables français, face aux réticences de leurs interlocuteurs, parlent à présent d'une «structure allégée» du projet d'Union méditerranéenne. Autrement dit, celle-ci sera uniquement basée sur un nombre limité de chapitres de coopération économique concrète dans des domaines bien ciblés et fonctionnera par l'adhésion volontaire, projet par projet, des pays intéressés. C'est ce qui justifierait, sans doute, la réaction du ministre des Moudjahidine et du secrétaire général de l'ONM. Ce dernier a, d'ailleurs, douté des «visées diplomatiques» de la visite du président français.