L'Union méditerranéenne, le projet cher au président français Nicolas Sarkozy, s'oriente vers une structure allégée, d'après les précisions apportées par la diplomatie française. Elle sera uniquement basée sur un nombre limité de coopérations économiques concrètes dans des domaines bien ciblés et fonctionnera sur l'adhésion volontaire, projet par projet, des pays intéressés.Le chef de l'Etat français, qui sera aujourd'hui à Alger pour une visite officielle, tentera encore une fois de convaincre son homologue algérien d'adhérer au projet. Dans un entretien accordé hier à l'agence de presse APS, Sarkozy explique que l'idée d'Union Méditerranéenne "n'a pas vocation à remplacer les cadres de coopération existants, qu'il s'agisse du Partenariat euro-méditerranéen ou d'enceintes plus informelles, comme le dialogue 5+5 ou le Forum méditerranéen, auxquels nous restons, comme l'Algérie je crois, très attachés". A travers le projet d'Union méditerranéenne, dira le président français, "je souhaite surtout donner un nouveau souffle, une nouvelle impulsion, à nos relations avec les pays du sud de la Méditerranée, alors que depuis quinze ans, il faut le reconnaître, l'Union européenne a plutôt concentré ses efforts vers l'Est, et que les objectifs ambitieux du processus de Barcelone n'ont pas vraiment été atteints". "Il s'agit, dira encore une fois Sarkozy, pour les pays riverains du nord et du sud de la Méditerranée de répondre ensemble, dans une véritable logique de partenariat d'égal à égal et non plus dans une simple logique d'aide au développement, aux immenses défis qui se posent à nous, afin de réduire enfin l'écart entre les deux rives de la Méditerranée". Pour répondre à ces défis, l'Union Méditerranéenne se construira autour de projets concrets et efficaces, dans des secteurs prioritaires comme l'économie. "Je pense aux investissements ou aux transports, le développement durable, je pense à l'eau et à l'énergie, en particulier les énergies renouvelables, et le capital humain, je pense à l'éducation, à la formation et à la culture", ajoutera le président français. L'Algérie est évidemment un partenaire essentiel dans ce projet d'Union méditerranéenne. Nicolas Sarkozy dira à ce propos "nous en avions déjà beaucoup parlé avec le président Bouteflika lors de ma première visite, en juillet dernier. Cette nouvelle visite sera l'occasion d'aller encore plus loin dans la réflexion et de discuter avec lui des projets qui intéressent plus particulièrement l'Algérie et que nous pourrions porter ensemble".Rappelons que l'Algérie a déjà exprimé sa position sur la question en donnant son accord de principe. Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, avait déclaré dernièrement à Bruxelles que l'Algérie est pour le projet. En tout cas, le projet piétine et l'Union méditerranéenne ne se précise pas encore en tant qu'entité et groupement régional au sens propre du terme. La France porte pratiquement seule le projet. Elle ne peut pas non plus compter sur l'Union européenne, qui ne semble pas en tout cas jusque-à, emballée par le projet, arguant que des accords spécifiques, bilatéraux et multilatéraux (accords d'association et accords découlant de la Déclaration de Barcelone) lient déjà les deux rives méditerranéennes. A ce jour, seule la Grèce a dit oui au projet de Sarkozy. Il lui reste à convaincre ses autres homologues européens. Ce qu'il compte faire lorsque son pays assurera en juillet 2008 la présidence tournante de l'UE. En attendant, il espère avoir donné corps à son projet. Il lui faut aussi arracher l'adhésion des pays du Sud. Ce qui n'est pas une mince affaire, d'autant qu'il est suspecté de tourner le dos à la politique de ses prédécesseurs, beaucoup plus indépendants des Etats-Unis. Au Maghreb, même si l'Algérie a donné son accord de principe en attendant de voir se dessiner les grands axes du projet, le Maroc, quant à lui, a émis des réserves lors de la visite de Sarkozy à Rabat en octobre dernier.