Le PT n'intégrera pas le gouvernement. Le FNA n'entrera pas dans l'Alliance présidentielle. Louisa Hanoune et Moussa Touati ont dit non. On sait donc qu'au moins deux partis sortis vainqueurs des élections locales du 29 novembre ne sont pas intéressés par les appels du pied qui veut les impliquer dans le jeu politique, voire politicien. Et pourtant, lorsque des partis de la majorité se ramassent une veste deux fois de suite, au printemps et en automne, pour les législatives et pour les locales, c'est que le malaise est grand dans la société. Voilà donc deux éléments à prendre en considération dans la grille de lecture du lendemain du scrutin. Dans tous les pays du monde, le message est décodé et le gouvernement en prend acte. Il présente sa démission, et le premier magistrat charge un autre médiateur de former un nouvel Exécutif. En Algérie ce n'est pas le cas. Le vote est-il un coup d'épée dans l'eau? On peut par conséquent se dire que si le gouvernement ne prend pas l'initiative de partir, c'est au moins le chef de l'Etat qui le démettra. Et le poussera vers la porte. Pendant tout l‘été, le pays a eu à faire face à une flambée des prix sans précédent, marquée par une grève des laitiers, et ensuite par un scandale de la pomme de terre qui n'est pas encore fini, puisque en plus d'un prix qui a joué au yo-yo, on a eu aussi la magnifique idée d'importer des pommes de terre infectées. C'est vrai que la rentrée ne fut pas chaude, mais depuis septembre, le malaise social n'a fait que s'approfondir. Et aujourd'hui après cet énième désaveu, on peut se demander si le temps n'est pas venu de revoir la composition du team gouvernemental, au moins pour faire semblant d'avoir saisi le message envoyé par les électeurs. Une chose est sûre: on ne pourra pas faire comme si de rien ne s'était passé. Si on organise des consultations électorales, c'est tout de même pour prendre le pouls de l'opinion. C'est un sondage grandeur nature. Et puisqu'on parle tant de la bonne gouvernance, et de l'Etat de droit, on devrait commencer par donner toute l'importance qu'il faut aux résultats des urnes. Il ne s'agit pas seulement de changer quelques APC, de nommer de nouveaux maires, mais surtout de répondre à cet appel des électeurs. Leur désaffection a un sens politique, et il veut dire qu'il est temps d'apporter des changements à l'action et au programme du gouvernement. Certes, c'est le président de la République qui a la prérogative, constitutionnellement parlant, de procéder à un remaniement ministériel, et nul n'a le droit de lui dicter sa conduite, mais en revanche, le chef de l'Etat lui-même est à l'écoute de l'opinion. Il sait et il comprend quand la situation exige d'apporter des modifications. Deux désaveux, en l'espace de quelques mois, cela veut dire que le moment est venu d'apporter ces changements. Si le programme du président est le même dans ses grandes lignes, du moins jusqu'à l'horizon 2009, il n'en demeure pas moins que les acteurs peuvent changer. On peut également apporter des correctifs au programme lui-même, en essayant de faire le bilan. Et de tracer de nouvelles perspectives. Si l'équipe en place n'est pas en mesure de se remettre en cause, parce qu'il y a trop d'intérêts imbriqués, eh bien, de nouvelles têtes et de nouvelles compétences seront peut-être en mesure d'avoir un comportement plus performant. Le pays a besoin d'efficacité. Besoin qu'on insuffle un nouveau souffle à l'action de l'Exécutif, pour la rendre plus en phase avec les exigences de l'heure. Du moins les électeurs, échaudés par des années d'inactivité, pendant lesquelles leur pouvoir d'achat n'a fait que chuter, ont-ils cette aspiration au changement, et ils l'ont exprimé, aussi bien par le fort taux d'abstention que par le choix d'une nouvelle carte politique. C'est vrai que le FLN, parti dominant, y a laissé quelques plumes, mais il reste en tête. Cela veut dire que les électeurs ne le visent pas en tant que parti, mais qu'ils lui demandent de revoir sa copie. C'est une sorte d'avertissement, un appel à se ressaisir. En l'état actuel des choses, il n'y pas beaucoup d'alternatives. Mis à part le FLN et le RND, les électeurs ont cru bon de booster le FNA et le PT. Le premier a offert un parachute à de nombreux candidats indépendants qui ont une base sociale, et qui agissent en marge des partis traditionnels. Quant au PT, il doit son succès certainement à son langage d'opposant. Donc, pour des raisons tout à fait différentes, ils montent en nombre de voix et en nombre d'électeurs. Mais le fait qu'ils ne se bousculent pas au portillon du gouvernement, cela leur laisse la possibilité de soigner leur image, en attendant mieux.