Michel Mujica estime que les Américains financent l'opposition au Venezuela et manipulent les étudiants des universités privées ainsi que le clergé. Une conférence sous forme de mise au point, autrement dit un correctif destiné à dissiper un nuage de propagande «entretenu par l'ennemi». La réforme constitutionnelle au Venezuela tend à créer, en quelque sorte, une «élection continue, non pas un mandat à vie», «tel que cela est véhiculé par les Américains et les Occidentaux», a expliqué, hier, à la presse, l'ambassadeur du Venezuela à Alger, Michel Mujica. En termes simples, les Vénézuéliens sont appelés à reconduire ou non le président Hugo Chavez si 15% de la société formulent le voeu d'une élection. C'est-à-dire que le peuple vénézuélien garde toujours l'option de révoquer le mandat du président. Hugo Chavez a menacé d'user des moyens lourds, y compris l'arme énergétique, contre les USA si les Américains interviennent, d'une manière ou d'une autre, dans le processus de réforme constitutionnelle. L'infatigable président vénézuélien a menacé de fermer le robinet de pétrole aux Américains et a envoyé, d'ores et déjà, des militaires aux champs pétroliers contre toute «ingérence américaine» dans les affaires internes du Venezuela. Michel Mujica estime que les Américains financent l'opposition au Venezuela et manipulent les étudiants des universités privées ainsi que le clergé. A la manière de Chavez, l'ambassadeur a descendu en flammes les USA, les accusant d'être à l'origine de la tempête de déstabilisation au Venezuela et dans plusieurs pays de l'Amérique latine, mais aussi, depuis quelque temps, en Afrique en tentant d'imposer aux Africains le commandement militaire US pour l'Afrique (Africom). «L'ennemi se trouve dedans et bien avant l'avènement de Hugo Chavez. Le gouvernement américain est derrière le malaise actuel au Venezuela», tempête encore l'ambassadeur. Et d'ajouter que la manipulation US a atteint même les mécanismes onusiens, à en croire M.Mujica. Pour étayer ses dires, le conférencier n'est pas allé par quatre chemins, en rappelant l'opposition de plusieurs hauts responsables onusiens à la réforme constitutionnelle du Venezuela. Au bout du compte, seuls les Vénézuéliens sont en mesure de décider du sort à réserver à cette réforme. C'est un rendez-vous important pour les Vénézuéliens, qui ont voté hier pour se prononcer par référendum sur les réformes institutionnelles. Au mode de «l'élection continue» s'ajoutent d'autres correctifs si essentiels à l'instar de la réduction des heures de travail (de 8 à 6 heures), la généralisation de la sécurité sociale à toutes les franges de la société ainsi que la séparation du pouvoir exécutif du système financier. En fait une «socialisation» du système politique vénézuélien. La nouvelle loi fondamentale prévoit aussi le soutien de l'armée au processus démocratique, avec une vocation anti-impérialiste. Faire la réforme par la voie référendaire est si important pour le processus de démocratisation, selon Michel Mujica. Car, «on n'a consulté personne lorsqu'il s'agissait de libéraliser l'économie et privatiser les entreprises de l'Etat et même lorsqu'il s'agissait de réformer les précédentes Constitutions». Pour l'ambassadeur, il s'agit d'une réponse simple à ceux qui chantent, ça et là, le début d'un système autoritaire au Venezuela.