Un médicament sur dix vendus dans le monde est un faux. Il y a un réel danger sur le marché algérien. Les XVIIIe Journées pharmaceutiques, organisées par la Société algérienne de pharmacie se sont ouvertes hier, à l'hôtel Aurassi. De nombreux représentants de laboratoires pharmaceutiques y ont participé. Selon M.Omani, «un Viagra sur deux vendus par l'intermédiaire d'Internet est contrefait». Ce sont des conteneurs entiers de faux viagra qui inondent les marchés parallèles. Dans le meilleur des cas, il affiche 10% de son dosage normal, le Sildenafil (son principe actif) existe bel et bien en Algérie. Revendu clandestinement, échappant à tous les contrôles, il inonde le marché informel. On peut le retrouver chez ces vendeurs à la sauvette, quelquefois au beau milieu de produits hétéroclites: savonnettes, shampoings, dentifrice, jouets... Une cinquantaine de produits pharmaceutiques contrefaits ont été recensés. Cela va des médicaments neuroleptiques, en passant par les antiseptiques jusqu'à certains produits anti-inflammatoires. A quoi est dû la prolifération de la contrefaçon des médicaments? Elle trouve surtout son origine dans la paupérisation d'une majorité de la population mondiale. Ce qui a permis l'émergence d'un système de soins à deux vitesses. Lorsque les moyens viennent à manquer, on s'approvisionne là où c'est le moins cher. Hors circuit du système de distribution officielle. Et c'est ainsi que l'on s'expose à une mort certaine 400.000 personnes sont mortes en Chine depuis 2001. En Afrique subsaharienne, au Niger, 2500 victimes ont été recensées durant l'année 1995. Des chiffres rarement mis à la disposition du grand public. A combien se chiffre le bilan réel des victimes des médicaments contrefaits? Des milliers de femmes, d'hommes et d'enfants, périssent chaque année dans le monde. Un marché meurtrier fondé sur la duperie mais aussi sur la misère des hommes. Un marché juteux où une mafia sans scrupules engrange 32 milliards de dinars de bénéfices par an. D'après une étude américaine de la FDA, Food and Drug Administration, les médicaments contrefaits représentent 10% du marché mondial. Le trafic de médicaments est estimé 25 fois plus rentable que celui de l'héroïne. 5 fois plus que celui de la cigarette. Les pommades, les sirops, les collyres, les comprimés...et la liste est longue. 40% de l'Artusénate, le médicament le plus efficace qui puisse exister contre le paludisme chimiorésistant, est sans effet thérapeutique. L'Afrique, déjà pas épargnée par des crises socioéconomiques sans fin, doit aussi faire face à des pandémies telles que le VIH-sida. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), 60% des médicaments contrefaits seraient écoulés dans les pays sous-développés ou en voie de développement. Corticoïdes, anti-inflammatoires, Viagra...tout, ou pratiquement tout, est disponible sur Internet. Echappant à tout contrôle médical. Sur 10 médicaments vendus au Nigeria, 6 ne répondraient pas aux normes. Il n'est pas rare que de l'insuline ou des pilules contraceptives ne contiennent que du talc. Dans le domaine de la contrefaçon, la Chine et les Emirats arabes unis détiennent la palme en ce qui concerne la contrefaçon en Algérie. Selon une communication de la direction générale des Douanes: «1.549.334 produits ont été retenus en 2007 par l'administration des douanes»; des produits contrefaits en provenance de Chine et des Emirats arabes unis mais aussi de Turquie, Hong Kong. Aucun signe de médicaments toutefois. La marchandise saisie concerne le trafic de cigarettes. Des Marlboro principalement. Signalons que la cigarette aussi tue. Le médicament contrefait, un faux qui tue. Il peut provoquer des ravages dans le cas de traitement du VIH sida, de la tuberculose ou du paludisme. Des maladies qui touchent de plein fouet l'Afrique et qui pourraient trouver un terreau favorable en Algérie.