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L'arme du pétrole ?
Publié dans L'Expression le 03 - 04 - 2002


Les prix risquent de connaître des envolées vertigineuses à cause de la situation au Proche-Orient. Les cours du brut se portent si bien que la loi de finances 2002 demeure indemne des appréhensions dont elle a été sujette durant le dernier trimestre 2001. Le prix du baril tourne autour de 25 dollars. Un prix «acceptable» pour les pays producteurs mais susceptible, toutefois, de connaître des fluctuations vertigineuses compte tenu de la conjoncture internationale actuelle. Cette dernière, marquée par la crise au Proche-Orient et par la politique extérieure de l'administration Bush, n'est pas pour satisfaire les observateurs qui craignent que ces fluctuations ne deviennent plus dangereuses et que les prix n'évoluent finalement à la baisse. Plus que les dernières déclarations du mouvement Baâth d'Irak et qui appelait, hier, les Arabes à se servir du pétrole comme une arme contre Israël et les Etats-Unis, c'est bien la situation dramatique du Proche-Orient qui risque de perturber sérieusement les cours et de, finalement, mettre à mal la loi de finances établie sur un prix moyen de 22 dollars et qui a été, jusqu'à présent, à l'abri des scénarios catastrophes. Toutefois, les mauvaises surprises sont vites arrivées. Car, si le prix du pétrole reste dans une fourchette «acceptable», c'est parce que les pays membres de l'Opep ont fait un effort considérable pour réduire la production dans une économie mondiale en récession, mais également, parce qu'ils ont réussi à retrouver une crédibilité dans le marché pétrolier. Une crédibilité qu'ils avaient perdue depuis la crise de 1973. Le cartel s'efforce, depuis, de se prémunir contre des aléas politiques et de se consacrer au seul volet commercial. Or, il se trouve aujourd'hui, que les grands producteurs membres sont impliqués dans la crise foudroyante qui frappe le Proche-Orient. Pour résister au terrorisme barbare de Sharon et au soutien inconditionnel de Bush, ils n'ont d'autre moyen de pression que «l'arme du pétrole», comme se plaît à l'appeler le Baâth irakien. Aussi est-il clair que les marches de manifestations comme celle qui a mené, hier, le président Kadhafi à la tête d'une marche impressionnante à Tripoli n'émouvra pas l'opinion internationale. Cependant, recourir au pétrole comme cela a été le cas en 1973 exposera les pays de l'Opep à des problèmes insurmontables. Le discrédit jouera, d'abord, en leur défaveur puisque les autres pays producteurs mettront un terme à leurs restrictions - très difficilement obtenues - et laisseront donc les prix baisser. Il y aura ensuite toutes les retombées sur les pays Opep, souvent étroitement dépendants des recettes pétrolières et qui risquent de connaître des difficultés budgétaires énormes. Ajoutons à cela les projets de développement qui risquent d'être gelés, car, étroitement liés également au secteur des hydrocarbures. L'Algérie, comme d'autres pays membres de l'Opep, pourrait laisser en suspens un bon nombre de projets de développement, même si les réserves ont été, l'an dernier, très satisfaisantes. Le plan triennal sera, lui, sérieusement affecté et le taux de croissance ne pourra que baisser davantage, si bien que les 7% de croissance que le gouvernement voudrait réaliser ne seront que chimères. Sans cela, le secteur de l'énergie a enregistré une régression de 2,8% durant l'année 2001 tandis que la valeur ajoutée a chuté de 7,8%. Une régression due, justement, à la baisse des quotas Opep et au recul des prix du baril au cours du deuxième semestre 2001.

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