«Même à Tel-Aviv, les juifs pacifistes ont manifesté». «Le peuple algérien doit briser ce siège pour pouvoir s'exprimer sur l'Irak, la Palestine et sur l'Algérie», lance Louisa Hanoune, porte-parole du Parti des travailleurs, qui a appelé, hier, à un rassemblement de solidarité avec le peuple palestinien à Alger dès 16h. La foule peu nombreuse crie: «Sharon assassin!». «Voyez la duplicité du gouvernement: hier lors du Conseil des ministres, ils parlaient de solidarité avec les Palestiniens et aujourd'hui ils interdisent la manifestation et nous envoient des policiers», appuie Louisa Hanoune du haut du kiosque de la place des Martyrs sous les cris d'approbations. La transition est tout indiquée pour qu'elle lâche: «Avec qui est Zerhouni?». Elle a précisé que le PT a lancé un appel aux institutions officielles pour se joindre à cette manifestation et que leur réponse a été le refus de l'autoriser. Le nombre peu élevé de manifestants n'est, pour Hanoune, que le résultat de la politique du pouvoir qui ne cesse de rappeler que les marches et les manifestations publiques sont interdites. «C'est une honte!», s'indigne-t-elle. «Même en Israël, les juifs pacifistes ont manifesté», enfonce-t-elle le clou et l'ex-numéro deux du MDA de Ben Bella s'emporte face à un policier: «De quoi vous mêlez-vous? Vous n'avez pas le droit!». Une tentative de minimarche est vite avortée «en douceur» par l'encadrement des éléments de la brigade antiémeute. Des quelques mètres carrés de foule compacte cernée par les policiers, rejaillit le débat sur l'état d'urgence et la limitation des libertés. «L'état d'urgence est un prétexte au pouvoir pour empêcher les Algériens de s'exprimer, c'est anticonstitutionnel», rebondit Louisa Hanoune qui poursuit: «C'est ce qui nous a menés à cette situation de blocage.» Et quand une voix fuse de la foule exigeant de ne parler que de la Palestine, elle est promptement huée par la majorité des présents. Des slogans: «Bush, Sharon assassins» et «Ben Laden, chikour el mariken» fusent de partout ainsi que les antiques: «Alayha nahya alayha namout!». Mais l'absence des partis ayant donné leur accord de principe de se joindre à la manifestation et l'étrange désengagement des Palestiniens d'Alger et leurs organisations sont trop pesants. «Des fax anonymes reçus par différentes rédactions de journaux d'Alger avaient annoncé la non-tenue de la manifestation», confie Louisa Hanoune. A 17 h, les quelques manifestants se dispersent dans le calme.