Devant une communauté internationale apathique, le Premier ministre israélien a déchaîné des commandos de tueurs qui n'ont d'armée que le nom. Après avoir déclaré Ramallah ville militaire fermée et en avoir expulsé la presse internationale et des pacifistes venus de nombreux pays, les empêchant ainsi de témoigner, l'armée israélienne a commencé à assiéger d'autres villes dont Tulkarem, Beithlehm, Beït Jala, Naplouse, et d'autre localités en Cisjordanie. Aussi, l'expulsion de la presse internationale et de pacifistes venus du monde entier apporter leur soutien au président Arafat permet-elle, à l'armée israélienne, de poursuivre, à huis clos, l'élimination physique des militants et résistants palestiniens qui s'opposent au diktat du gouvernement Sharon. Ce dont témoigne le militant antimondialiste français, José Bové, rentré hier à Paris qui déclare: «Nous avons assisté à des scènes extraordinairement choquantes, des centaines de Palestiniens emprisonnés dans des camps avec des miradors, des centaines de Palestiniens raflés en pleine nuit», précisant aussi: «Nous avons rencontré Arafat deux fois dans son QG de Ramallah, il nous est apparu volontaire et déterminé.» Et de souligner: «Le peuple palestinien est debout, le peuple palestinien n'est pas battu par cette attaque, son courage n'a d'égale que sa détermination de mener le combat jusqu'au bout.» Depuis samedi, jour de l'occupation du QG du président Arafat, le monde observe dans l'incrédulité, sans doute, ce qui se passe dans les territoires palestiniens livrés à la curée de Tsahal, mais totalement impuissant à agir pour inciter les Israéliens à la retenue. Aussi, les protestations, souvent de circonstance, émises ici et là, en Europe notamment, se sont avérées de peu de poids et d'effets, lorsqu'elles ne sont pas accompagnées de condamnation franche et sans équivoque de s de l'armée israélienne dans les territoires palestiniens occupés. En tout état de cause, l'UE est étrangement molle face au terrorisme israélien et à la détermination de Sharon de faire plier les Palestiniens à ses desiderata. Si l'attitude des Européens semble ambiguë, les Arabes ne sont pas en reste qui, croyant avoir accompli l'essentiel en se dépouillant de leur dernier atout par la proposition de normalisation collective avec Israël en échange de la reconnaissance de l'Etat de Palestine, pensaient amener Sharon à composition. Ils étaient tout marris du rejet brutal par le bourreau de Beyrouth de leur offre, pourtant accueillie favorablement par la communauté internationale et singulièrement les Etats-Unis. Face aux oukases de Sharon, les Arabes sont demeurés muets, piégés par leur propre inconstance et impuissance, n'ayant jamais eu les moyens, mais sans doute aussi la volonté nécessaire, d'influer sur l'ordre des choses. De fait, il faut bien admettre que les dirigeants arabes sont, sinon démobilisés, du moins désarmés devant une situation qui, par maints aspects, semble les dépasser. Cependant, il faut bien convenir que la clé de l'imbroglio proche-oriental se trouve à Washington, car les Etats-Unis, véritables maître d'oeuvre du pourrissement de la situation au Proche-Orient, ont décidé d'observer de loin, sans réagir, laissant le criminel Sharon solutionner à sa manière un problème qui demeure politique, les Américains étant même les garants du processus de paix et de la sécurité des Palestiniens, notamment du président Arafat. Aussi, un mot du président de la première puissance mondiale suffirait, ou aurait suffi, à remettre les choses à l'endroit. Non seulement ce mot n'est jamais venu, mais dans sa première déclaration après l'isolement du président Arafat, dans son QG de Ramallah, George W.Bush en estimant qu'Israël «est parfaitement en droit de se défendre» et en intimant à un homme assiégé, coupé du monde, et également en danger de mort d'«agir» et de faire «beaucoup plus contre le terrorisme», position qu'il a réitérée hier encore, aura surtout contribué à donner le feu vert au déchaînement meurtrier des soldats israéliens. Résultat: samedi en soirée, près d'une dizaine d'hommes de la garde rapprochée du président Arafat a été assassinée, dans la nuit de dimanche à lundi, trente policiers palestiniens ont été froidement abattus par l'armée israélienne près du quartier, à Ramallah, où se trouve assiégé le colonel Jibril Rajoub, chef de la sécurité intérieure en Cisjordanie, avec 400 de ses hommes, des dizaines de morts sont «stockés» dans l'hôpital de Ramallah, l'armée israélienne refusant leur évacuation vers le cimetière. Hier, un enfant palestinien de 13 ans a été froidement abattu par un soldat, d'autres militaires israéliens, qui participèrent à la réoccupation de la ville autonome de Beïthlehm, ont tiré sur des religieux refusant de leur ouvrir les portes de leurs églises, tuant un prêtre et blessant six soeurs religieuses. Dès lors, fort du soutien inconditionnel du président Bush et de la paralysie de la communauté internationale, le criminel de guerre Sharon s'emploie ainsi à mettre à exécution une véritable épuration ethnique de tous les Palestiniens qui s'opposent au fait accompli israélien. L'ONU peut voter toutes les résolutions, la dernière, la 1402, exige d'Israël son retrait de Ramallah, Israël n'en a cure (les résolutions 242 et 338 de 1967 et de 1973 attendent toujours d'être mises en oeuvre par l'Etat hébreu) la communauté internationale peut s'indigner, sans plus d'effets sur la volonté de domination des Israéliens, si le Conseil de sécurité ne décide pas d'obliger l'Etat hébreu à s'y conformer. D'ailleurs, le fait est qu'Israël semble intouchable et se moque des règles et des lois internationales qui, apparemment, ne s'appliquent pas à l'Etat hébreu. Comme le montre cette caricaturale mission de bons offices représentant la «crème» de notre Univers, et constituée de représentants des Etats-Unis, de la Russie, de l'Union européenne et de l'ONU qui, malgré son caractère officiel, ne dissuada en rien l'armée israélienne de lui interdire de rencontrer le président Arafat. La situation, qui est vécue depuis quelques jours par le président Arafat et le peuple palestinien, dépasse l'entendement et interpelle la communauté internationale. Il y a une limite à tout et la responsabilité américaine, qui cautionne la barbarie de l'armée israélienne, sera grande en cas d'éventuelle conflagration généralisée au Moyen-Orient. Aussi, on se demande si George W.Bush, dans son désir de plaire à ses électeurs juifs américains, ne mesure pas les risques qu'il fait prendre à la communauté internationale en jouant à quitte ou double avec la paix du monde?