Contrairement à la cataracte qui peut entraîner une cécité curable, la cécité due au glaucome est malheureusement incurable. «L'Algérie compte 62.000 non-voyants sur 33 millions d'habitants dont 15.000 cas sont dus au glaucome», c'est ce qu'a déclaré le président de l'Association algérienne d'ophtalmologie, Amar Aylem, chef du service ophtalmologie au Centre hospitalo-universitaire Mustapha Bacha, jeudi, lors du 4e Séminaire national d'ophtalmologie qui s'est déroulé à Alger. «En Tunisie, ils sont quelque 150.000 aveugles pour 10 millions d'habitants alors qu'au Maroc, leur nombre reste inconnu en l'absence de statistiques officielles», a-t-il ajouté. Deux Algériens deviennent aveugles chaque année à cause du glaucome, selon une étude de 1990 du Pr Aylem. «Le glaucome qui apparaît à partir de 40 ans n'a pas de symptômes apparents, mais peut causer des dommages irréparables au niveau du nerf optique», a précisé le Pr Aylem. Le spécialiste a souligné l'impératif de consulter un ophtalmologue avant 50 ans pour faire mesurer la pression oculaire, car a-t-il relevé, la destruction du nerf optique est irrémédiable et provoque la cécité. D'autres maladies ont été également abordées tel le décollement de la rétine dont le traitement chirurgical nécessite une prise en charge à l'étranger. Les participants ont soulevé aussi le rôle de l'imagerie médicale, mettant en exergue les techniques modernes d'imagerie utilisées en ophtalmologie, tant dans le secteur public que privé. Evoquant la greffe de la cornée, le spécialiste a appelé les imams à inciter les citoyens à faciliter cette tâche afin de créer un équilibre entre l'offre et la demande. Dans ce contexte, il a précisé que «les spécialistes sont en mesure de réaliser 2000 greffes de la cornée par an». Le Pr Aylem a, cependant, expliqué que grâce à l'évolution de la médecine, on peut éviter aux malades atteints de glaucome le spectre de la cécité si le diagnostic est fait à temps. «Contrairement à la cataracte qui peut entraîner une cécité curable, la cécité due au glaucome est malheureusement incurable», a-t-il dit. Il a noté que grâce au dépistage précoce, on évite la cécité dans 99% des cas. «Malheureusement, les Algériens ne font pas encore la différence entre la cécité incurable et la cataracte, par ignorance», a-t-il déploré. Le glaucome est d'autant plus dangereux qu'il est une affection «insidieuse» qui ne présente pas de symptômes apparents, ont affirmé les praticiens qui ont insisté sur l'importance des visites régulières chez l'ophtalmologue. Pour terminer, le Pr Aylem a exprimé, au nom de l'association, son mécontentement quant à l'ouverture de cette spécialité aux étrangers, soulignant que les ophtalmologues algériens couvrent les besoins du pays «quantitativement et qualitativement». Il a ainsi appelé le ministère de la Santé à aider les associations scientifiques, au nombre de 60, pour faire bénéficier les spécialistes de la formation continue et leur permettre de tirer profit des expériences des Etats européens en la matière.