On s'éloigne du style cuivré et enraillé de Truffaut et Godard. Depuis quelques années le cinéma français s'est caractérisé par un style plus branché, plus décalé et beaucoup plus proche du cinéma américain se démarquant encore plus de la vieille garde républicaine culturelle, qui, à une certaine époque, voulait, à tout prix imposer le style a cuivré et enraillé de François Truffaut et Jean-Luc Godard. Cette nouvelle tendance plutôt proche de la culture de l'Oncle Sam que de la civilisation latine, a vu le jour il y a à peu près dix ans quand Luc Besson, encore inconnu, avait bouleversé les propensions françaises avec Le dernier combat, un film futuriste qui augurait d'une nouvelle expression, mais aussi d'une nouvelle mentalité. Deux ans plus tard, Besson récidive avec un film Underground avec Isabelle Adjani et quelques mois ensuite avec Le grand Bleu, un film sur les passionnées de la mer et ses rapports avec l'homme. Le passage de ce dernier film, à l'ouverture du festival de Cannes, lui avait déjà donné un dimension internationale. Il confirmera son succès en prenant la tête du box-office français durant une longue période. Cette réussite commerciale et critique lui donna des ailes et le poussa à réaliser un autre rêve de gamin bercé par les films policiers américains, celui de faire un film d'action français à la sauce yankee. Nikita sera, sans surprise, un autre grand succès public, mais, en parallèle, un front de cinéastes farouchement attaché à l'identité culturelle française s'est constitué pour critiquer sévèrement le style de Besson trop «américanisé» et mener un bataille médiatique contre son film Nikita. Luc Besson perdra la bataille médiatique, et Cyrano de Bergerac l'emportera sur Nikita aux Césars. Devant cet état de fait, Besson décide de quitter la France et de fonder une société de production à Los Angeles. Il sera contraint de vendre ses droits pour le remake de Nikita et se donner ainsi les moyens financiers pour réaliser son premier film «américain»: Léon. Mais loin de faire le jeu des Américains, Besson imposa plusieurs acteurs sur la scène cinématographique hollywoodienne. C'est ainsi que Jean Reno, jusque-là inconnu, s'imposa là où les plus grands acteurs français ont failli. Reno joua ensuite dans plusieurs grands films américains tels que Godzilla de Rolland Emmerich ou encore Ronin de John Frankenheimer. C'est le cas aussi de Mila Miatovicth, la femme de Besson dans la vie, qui avait joué dans Le cinquième élément aux cotés de Bruce Willis et qui sera la vedette réelle dans l'adaptation à l'écran du jeu virtuel Resident Evil. Cette internationalisation de la «french touch» donna des idées à plusieurs jeunes et ambitieux réalisateurs français qui rêvent américain. C'est le cas de Mathieu Kassovitz, Nick Kounen, Gérard Pires, ou encore Cedric Klapish et Florent-Emilio Siri qui signa dernièrement Nid de guêpes considéré par les spécialistes comme le nouveau maître des films d'action français. La jeunesse française s'est très vite retrouvé dans ces films techniquement américains et identiquement français. Et des oeuvres comme La haine, Taxi, Pactes des loups ou encore Yamakasi ou Doberman ont facilement conquis le public français parce qu'elles véhiculaient cette nouvelle tendance qui s'est nourrie de rap, de soul-music et de la violence des images à l'écran. Luc Besson qui tient à la fois la casquette de réalisateur et de producteur, a décidé de prendre en charge cette nouvelle vague de visionnaires et d'être le parrain de ses jeunes cinéastes, qui veulent envahir Hollywood de leurs idées. Une nouvelle tendance qui commence à prendre aussi forme en Algérie et qui ouvrira la voie à une nouvelle catégorie de jeunes réalisateurs qui aspirent à devenir de nouveaux Spielberg du XXIe siècle.